Pour se passer de Kylian Mbappé, il faut assurément une bonne raison. Surtout quand il s'agit de jouer un Classique face à l'OM, au stade Vélodrome. Dimanche soir, l'entraîneur du PSG Thomas Tuchel en avait une : sanctionné pour un retard à la causerie d'avant-match, le jeune prodige parisien a traîné son spleen pendant plus d'une heure sur le banc de touche. Trois minutes après son entrée en jeu, il a finalement fait basculer la rencontre et permis aux siens de l'emporter (2-0). Récit d'une soirée pas comme les autres, où l'ombre de Mbappé a longtemps failli éclipser la lumière.
Colère noire samedi à l'entraînement. Qu'on se le dise : avec Thomas Tuchel, il n'y a plus de passe-droit qui vaille au PSG. Surtout quand le technicien allemand, réputé pour être très proche de ses joueurs, les en a déjà avertis. L'ancien coach de Dortmund a en effet piqué une colère noire, samedi, en raison du manque d'intensité de ses ouailles à l'entraînement, quelques jours après une prestation déjà décevante face à Naples, en Ligue des champions (2-2). Alors quand, moins de 24 heures plus tard, Kylian Mbappé et Adrien Rabiot arrivent à l'hôtel pour la causerie d'avant-match avec un peu de retard, forcément, la sanction tombe. Classique ou non, les deux Français seront remplaçants au Vélodrome. Qu'importe leur statut, ou que le Camerounais Éric Choupo-Moting n'a plus été titulaire dans un match de football depuis le mois de mars dernier...
" Si un seul joueur arrive en retard une fois à une séance, il n'est pas out"
Le retard de trop. Et Tuchel de préciser au micro de Canal +, après la rencontre : "Si un seul joueur arrive en retard une fois à une séance, il n'est pas out". Une façon de signifier que cette incartade n'était pas la première du genre. "Ce sont des choses internes. C'était une décision très difficile à faire avant un grand match comme un Clasico. (…) Je déteste jouer sans Kylian et Adrien. On prépare des plans depuis quelques jours et après on doit changer (au dernier moment). Je n'aime pas ça. Aujourd'hui, je suis un peu triste de ça. Ça me préoccupe", a encore déclaré l'entraîneur allemand, l'air peiné.
Mbappé passablement agacé. Kylian Mbappé, lui, n'a pas vraiment apprécié. C'est emmitouflé dans sa doudoune que le champion du monde a regardé les siens se faire bousculer par l'OM en première période. Et de troquer le manteau pour le maillot d'entraînement à la pause, pendant que ses partenaires débriefaient le premier acte dans les vestiaires. Son échauffement a duré quelques minutes, après lesquelles Mbappé a finalement rejoint les couloirs du Vélodrome, prêt à faire son entrée. Tout ne s'est pas passé comme prévu. Car l'arbitre a bien sifflé le début de la seconde période sans lui. Et le jeune joueur de 19 ans, agacé au point de donner un coup de pied dans le vide, de rejoindre le banc de touche cinq minutes après tout le monde. Et toujours en doudoune.
Entré en jeu à la 62e minute. Thomas Tuchel l'aurait-il fait rentrer si Paris n'avait pas éprouvé les pires difficultés à se montrer dangereux offensivement ? Lui seul le sait. Toujours est-il que le gamin de Bondy a fait son apparition sur le pré à la 62e minute, le visage toujours fermé. Et son entraîneur, dans une étreinte virile, de lui glisser "bon match", au moment de pénétrer sur la pelouse.
Quatre minutes lui ont suffi. À peine deux ballons et quatre minutes plus tard, la fusée Mbappé a profité d'une belle passe d'Angel Di Maria dans la profondeur pour faire parler sa foudroyante pointe de vitesse et tromper Mandanda d'un tir croisé imparable (1-0, 66e). Une dixième réalisation en Ligue 1 pour caracoler en tête du classement des buteurs, lui redonner le sourire, et offrir une onzième victoire en Ligue 1 au PSG. Non sans être impliqué sur le second but signé Julian Draxler en fin de match (90+5)…
" Pour moi, (à titre) personnel, ce n'est pas une bonne soirée, non, pas du tout "
Un "leader" désigné homme du match. "Une grande équipe se repose sur des leaders, et il faut qu'ils sachent faire la différence dans les moments clés. Je peux assumer ce rôle et je l'ai fait aujourd'hui. Voilà, il faut continuer et rester dans le droit chemin", a glissé le champion du monde après la rencontre, trophée d'homme du match entre les mains.
"Pas une bonne soirée" pour Tuchel. La performance n'a pas suffi à redonner le sourire à Thomas Tuchel : "Pour moi, (à titre) personnel, ce n'est pas une bonne soirée, non, pas du tout", a confié le coach du PSG, toujours sur Canal+, ajoutant "réfléchir" à la suite qu'il souhaite donner à ces comportements.
Les joueurs parisiens, eux, ont tenté de minimiser la brouille en zone mixte. C'est finalement le milieu allemand Julian Draxler, titulaire à la place d'Adrien Rabiot (entré à la 79e) qui a le mieux résumé la situation : "L'entraîneur a bien montré que le club était plus important que les individus". Même quand on s'appelle Kylian Mbappé et qu'on offre le Classique au PSG.