Depuis un an, il est le seul à avoir trouvé la clé. Roger Federer a infligé à Novak Djokovic trois de ses six défaites de l'incroyable année 2015 du Serbe : en finale à Dubaï et à Cincinatti et au premier tour du Masters, en novembre à Londres. Le Suisse, qui affronte l'incontestable numéro 1 mondial en demi-finale de l'Open d'Australie, jeudi matin (9h30), est pourtant face à un immense défi. En effet, seul Stan Wawrinka a réussi à battre le Serbe l'an dernier en Grand Chelem, en finale de Roland-Garros. Alors, que doit faire le Suisse pour réussir un immense exploit, jeudi à Melbourne ?
Y croire, malgré l'historique récent. Roger Federer et Novak Djokovic, c'est une vieille histoire. Les deux joueurs se sont déjà affrontés à 45 reprises, pour un bilan de 22 victoires chacun. "Ils se connaissent par cœur. Si le Serbe a une petite faiblesse cependant, Federer saura en profiter", assure Patrice Hagelauer, ancien directeur technique national (DTN) du tennis français et coach de Yannick Noah au moment de sa victoire à Roland-Garros en 1983. Problème : Federer n'a plus battu Djokovic en Grand Chelem depuis les demi-finales de Wimbledon, en 2012.
L'avantage psychologique est assurément du côté du Serbe. Mais le Suisse, malgré ses 34 ans, ne s'avoue pas vaincu. "Dans sa tête, Federer a toujours un espoir de gagner", estime Patrice Hagelauer. "Un champion comme lui y croit toujours, sinon il ne se présente même pas sur le court. Au fond de lui, il sait que Djokovic est un monstre, mais il est toujours à la recherche de la moindre petite faiblesse. Il peut y avoir des moments où le Serbe servira moins bien, où Federer aura de la réussite. Parfois, ça se joue sur des détails."
Lui prendre un set d'entrée. Mais autant le dire tout net, Djokovic n'a (presque) aucune faille dans son jeu. Le Serbe a pourtant été mis en difficulté par Gilles Simon, en huitièmes de finale de l'Open d'Australie. Le numéro 1 mondial, qui a commis l'incroyable total de 100 fautes (oui, oui!), a dû batailler cinq sets pour venir à bout du Français. "De temps en temps, comme on l'a vu contre Simon, Djokovic peut un petit peu moins bien servir et son coup droit peut lui jouer des tours. Problème : ça ne lui arrive pas souvent lors des matches importants", tempère Patrice Hagelauer.
Pour tenter d'étouffer le Serbe, Federer devra dès lors mettre une grosse pression d'entrée de jeu. "Le début de partie contre Djokovic est essentiel", assure Hagelauer. "Quand il est devant, c'est un bulldozer, la balle ne sort jamais. Il faudrait que Federer arrive à lui prendre un set d'entrée, quand il est encore frais, pour le faire douter. Si Djokovic est libéré, il est injouable."
Servir à la perfection. Vous l'avez compris, inutile de compter sur le Serbe pour lâcher la partie. Dès lors, Roger Federer devra conjuguer son tennis au plus-que-parfait pour espérer triompher. "Il faudrait qu'il serve à la perfection et qu'il ait un pourcentage de première balle assez exceptionnel. Et que Djokovic serve un peu moins bien, afin que le doute s'installe un peu sur son coup droit", analyse Hagelauer.
"Mais après, comment Federer va-t-il jouer ?", se demande l'ancien DTN. "Il a un peu tout essayé, en jouant à la volée, en essayant d'être un peu plus agressif et d'écourter les échanges. Parce que s'il tombe dans les rallyes de fond de court, il n'a aucune chance." Pour Federer, l'équation sera forcément compliquée. Mais qui d'autre que le magicien suisse, au tennis de rêve, peut résoudre le casse-tête "Djoko".