Ce sont plus que des simples championnats de France de natation qui se disputent en ce moment à Montpellier. La compétition est en effet la seule qualificative pour les Jeux olympiques de Rio, en août prochain. Si pour certains, comme Florent Manaudou ou Camille Lacourt, ces qualifications ont tout d’une formalité, pour d’autres, c’est tout ou rien. "De grands champions vont rester sur le carreau", prédit ainsi Fabien Gilot, qui jouera sa carte individuelle sur 100 mètres nage libre. Yannick Agnel pourrait être de ces victimes d’un système de qualification hyper sélectif. Le champion olympique du 200 mètres saura mercredi soir s’il pourra défendre son titre au Brésil.
Le double champion du monde 2013 connaît les règles. Pour se qualifier pour Rio, il faut terminer parmi les deux premiers de l'épreuve, tout en réussissant à descendre sous les minimas définis par la Fédération française. Celle-ci qui n’a pas facilité la vie des nageurs, puisqu’elle a déterminé ces fameux chronos pour permettre une qualification en finale olympique. Pour le 200 m nage libre, la barre a été fixée à 1’46’’06. En série mercredi matin, Yannick Agnel a réalisé le quatrième temps des engagés, en 1’48’’60. Il lui faudra donc gagner deux secondes pour voir Rio. Pas de quoi inciter à l’optimisme.
"J’ai dû faire face à de nombreux changements". Après sa série matinale, Yannick Agnel conservait un sourire de façade, mais les observateurs du bord de bassin voient bien qu’il est loin du nageur fluide qu’il a été. Le contraste avec 2012, surtout, est flagrant. "S’il y a quatre ans on m’avait dit qu’il se passerait tout ce qui s’est passé dans cette olympiade, je ne l’aurai jamais cru", explique le nageur à Europe 1. "J’ai dû faire face à de nombreux changements : les Etats-Unis qui m’ont fatigué, la disparition de Camille (Muffat, décédée dans un accident d’hélicoptère, ndlr) qui m’a affecté, des évenements aussi dans mon cercle familial qui ont été compliqués à gérer. Ce n’est pas chercher des excuses mais tout cela pour dire que je vieillis aussi et que j’ai mon lot d’expériences (négatives)."
Le souvenir de ces quatre années riches en émotions pourront-elles l’aider au moment de tenter d’aller chercher la qualification ? "J’ai quatre heures pour répondre ?", lâche-t-il dans un rire. "Je crois que je suis capable d’aller chercher dans les tréfonds de moi-même pour décrocher de belles choses. J’espère ouvrir la boîte de Pandore (mercredi) soir et on verra bien ce que ça donnera. Dans tous les cas, je suis motivé et il y a de la concurrence. Ce qui n’était pas forcément le cas, habituellement, sur cette distance aux championnats de France"
Le relais en consolation ? Le double champion olympique du 200 m nage libre et du 4x100 m nage libre est donc sur le fil du rasoir. Mercredi soir, aux alentours de 19 heures, c’est bien en outsider et non plus en favori qu’il se présentera sur le plot de départ de la finale du 200 m. S’il termine dans les quatre premiers, il sera qualifié pour le relais 4x200 m. Un moindre mal, mais certainement pas une consolation.