Mario Balotelli, c’est l’histoire d’un talent brut, d’un attaquant hors-pair, héros un soir de demi-finale de l’Euro 2012, devenu zéro à cause d’un comportement souvent immature et qui ne lui a pas attiré beaucoup de soutiens. Barré à Liverpool, l’attaquant italien s’est engagé avec Nice vendredi. Un pari audacieux tant pour le club que pour le joueur. Un pari qui fait surtout notre plus grand bonheur, pour tout un tas de raisons.
- Parce qu’il va dynamiser le marché de l’assurance
Ce n’est peut-être pas un hasard si l’OGC Nice est sponsorisé par Allianz et les Mutuelles du Soleil. Car avec Balotelli, on n’est jamais à l’abri d’un accident. Comme lorsqu’en août 2010, alors qu’il vient à peine de poser ses valises sur le sol anglais, l’enfant terrible du football plante son Audi R8 dans une BMW sur le chemin de l’entraînement. Le comble, c’est que le conducteur de la "béhème" est un supporter Citizen chevronné. "Super Mario", sonné, ne s’aperçoit pas que 5.000 £ lui tombent de la poche arrière du pantalon. Ce qui intrigue la police, qui lui demande pourquoi il a autant d’argent sur lui. Mario hausse les épaules et répond : "Parce que je suis riche". Avant d’ajouter : "je m’en fous de la voiture, je ne l’ai reçue que hier soir."
Mais l’apogée de ses "Baloconneries" reste quand même l’incendie de sa maison, à moins de deux jours du derby mancunien face à United, en octobre 2011. L’Italien se permet d’organiser une petite fête dans sa villa. Ce qu’il n’avait peut-être pas prévu, c’est que son frère et un ami s’amusent à faire éclater des pétards et fusées dans sa salle de bains du premier étage. Sauf qu’en voulant démarrer un feu d’artifice par la fenêtre, une fusée atterrit sur une serviette… Montant des dégâts : plus de 500.000 euros. C’est bête, d’autant que l’attaquant déclarait deux jours plus tôt dans une interview avoir "grandi". "J’ai l’intention d’arrêter de faire parler de moi en négatif", disait-il. Raté sur ce coup-là.
À part ça ? Oh, pas grand-chose. Quelques fléchettes lancées sur les jeunes du centre de formation pour tromper l’ennui, et plusieurs bagarres avec ses partenaires à l’entraînement. Avec son coach, Roberto Mancini, aussi.
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— Balotelligram (@Balotelligram) 21 juillet 2015
- Parce qu’il n’est pas trop tard pour se relancer
"Sur une échelle de 1 à 10, je me suis arrêté à 5 mais petit à petit j’arriverai au 10. Parce que je veux y arriver. Je deviendrai Ballon d'or. Je sais, cela fait rire, il est possible que je n'aie pas fait tout ce qu'il fallait pour être le plus fort. Le plus important, c’est que j'ai compris et qu'il n'est pas trop tard". Cette déclaration date de juillet dernier et le pire, c’est qu’on a presque envie de le croire, même si Balotelli n’est plus que le fantôme de lui-même depuis plusieurs années. Prêté la saison dernière à l'AC Milan, l'international italien a joué vingt matches et n'a inscrit qu'un but. Il avait rejoint les "Reds" en 2014, mais n'avait disputé que seize matches de Premier League, ne marquant là encore qu'une fois. La semaine dernière, l'entraîneur de Nice Lucien Favre avait d’ailleurs évoqué avec froideur son cas. "Il n'a pas joué depuis je ne sais pas combien de temps. Je n'ai pas vu d'images de lui à la télé depuis des années", avait déclaré le technicien suisse.
Alors oui, "Super Mario" a plus fait parler de lui ces dernières années par ses frasques que par ses exploits balle au pied. Mais à seulement 26 ans, Balotelli a une revanche à prendre. Et Nice, à quelques kilomètres seulement de son Italie natale, semble être le meilleur endroit pour rebondir. Le club azuréen a en tout cas une certaine expertise dans l'art de régénérer des joueurs au destin contrarié puisqu'il a réussi à faire renaître Hatem Ben Arfa l’an passé, parti au PSG au terme d'une saison très aboutie (17 buts en L1, 6 passes décisives).
Qu’on se le dise, Balotelli n’est pas non plus n’importe qui. Il sera d’ailleurs l’un des rares pensionnaires de Ligue 1 à avoir gagné la Ligue des champions (avec Angel Di Maria, David Luiz, Maxwell, Thiago Motta, Yoann Gourcuff et Diego Contento). S’il veut redorer son blason et redonner un sens à carrière, c’est en tout cas sa dernière chance.
- Parce que lui seul peut remplacer Zlatan Ibrahimovic
Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, le natif de Palerme a au moins une qualité indéniable : le charisme. Et on a beau chercher, "Balo" est le seul joueur capable de prendre la succession de Zlatan Ibrahimovic, parti faire les beaux jours de Manchester United cet été. Tant par ses gestes fantasques que par son ego démesuré, les deux allant souvent de paire.
De toutes ses phrases mythiques, on retiendra : "Sur tous ceux qui ont déjà reçu ce prix [le Ballon d’or, ndlr], seul un joueur m’est légèrement meilleur : Lionel Messi. Tous les autres sont derrière moi", ou encore "Je pense être plus intelligent que la norme. Mais je te jure que ça ne m’intéresse pas de le démontrer" et le non-moins modeste : "oui, je pense être un génie". Des déclarations aussi insolentes que cette talonnade, formidablement ratée, qui n’a pas manqué d’irriter son entraîneur, désabusé au point de le sortir dans la foulée.
http://www.dailymotion.com/video/xk4akw_l-incroyable-roulette-talonnade-de-balotelli_sport" target="_blank">L'incroyable "roulette-talonnade" de Balotelli par http://www.dailymotion.com/evidenceprod" target="_blank">evidenceprod
- Pour ses buts et ses (non-)célébrations mythiques
Heureusement, Balotelli sait – ou plutôt savait - aussi marquer des buts incroyables, avec une puissance folle. Forcément, ça nous manque…
Mais le meilleur, c’est sans doute ses célébrations qui ont suivi ces buts. Ou plutôt ses non-célébrations. "Je ne célèbre pas mes buts parce que c’est mon travail. T’as déjà vu un facteur sauter de joie quand il vient de livrer un colis ?". Oui enfin, on n’a jamais vu un facteur se mettre torse nu après avoir posté une lettre.
Et comment ne pas mentionner son fameux "Why always me ?" ("Pourquoi toujours moi ?") que Mario dévoile sur son t-shirt après avoir planté un doublé au rival éternel Manchester United, deux jours après avoir mis le feu à sa maison…
#OnThisDay in 2011: Why Always Me?
— Bleacher Report UK (@br_uk) 23 octobre 2015
Mario Balotelli helps Manchester City destroy United 6-1 in the derby.#MCFCpic.twitter.com/fWsp1FHJwY
Un coup d’éclat qui a instantanément fait naître un chant à sa gloire chez les supporters de City :
Oh Balotelli he's a striker...
He's good at darts, has an allergy to grass
But when he plays, he's fucking class.
He drives around Moss Side with a wallet full of cash
Can't put on his vest, but when he does he is the best
Goes into schools, tells teachers all the rules
Sets fire to his gaff with rockets from his bath
He doesn't give a fuck, he just did it for a laugh
Runs back to his house for a suitcase full of cash
[Oh Balotelli, c’est un attaquant…
Il joue bien aux fléchettes, est allergique au gazon
Mais quand il joue, putain qu’il est bon.
Il circule dans Moss Side (quartier chaud de Manchester, ndlr) le portefeuille plein de biftons
Il ne sait pas enfiler son chasuble mais avec c’est lui l’ meilleur
Va dans les écoles et rappelle aux profs le règlement
Fout le feu chez lui en s’amusant avec des fusées dans sa salle de bain
Mais putain qu’il s’en tape, il a fait ça pour déconner
Il se précipite dans sa maison récupérer une valise pleine de billets]
- BONUS : pour le revoir enfiler une chasuble
Last but not least, le "sketch" de la chasuble, évoqué dans la chanson. De retour au meilleur niveau ou pas, on n’a pas fini de rire avec Mario Balotelli à Nice.