C'est la belle histoire du championnat anglais, et elle est bien partie pour finir en "Happy End". Après une nouvelle victoire le week-end dernier à Crystal Palace (1-0), Leicester est plus que jamais en course, à sept matches du terme, pour glaner son premier titre dans l'élite du football anglais en 132 ans d'existence. Le tout, au nez et à la barbe des ogres que sont Manchester United, Arsenal ou Chelsea. Principal architecte de cette réussite : Claudio Ranieri, arrivé l'été dernier sur le banc des Foxes.
Aucun titre majeur. A son arrivée dans les Midlands, le Romain de 64 ans traînait derrière lui une longue expérience de près de 30 ans sur le banc des plus grands clubs du monde : Naples, la Fiorentina, Valence (deux fois), l'Atlético de Madrid, Chelsea, la Juventus, l'AS Rome ou encore l'Inter Milan. Un CV pour le moins reluisant, sauf que Claudio Ranieri n'a gagné aucun titre majeur avec ces clubs. Ses titres de champion se limitent à la deuxième division (avec la Fiorentina en 1994 et avec Monaco en 2013). Seules quelques coupes viennent orner sa vitrine à trophées : une Coupe d'Italie en 1996, une Coupe Intertoto en 1998, une Coupe d'Espagne l'année suivante ou encore une Supercoupe d'Europe en 2004 avec Valence. A Chelsea, où il est resté quatre ans (de 2000 à 2004), Ranieri n'a rien gagné non plus, si ce n'est un Charity Shield, équivalent de notre Trophée des Champions.
Mauvais timing. En réalité, le coach italien pâtit surtout d'un sens terrible du timing. La saison qui suit son départ de Chelsea, le club décroche le premier titre de l'ère Abramovitch. Le premier, surtout, depuis 50 ans. Plus tôt, son arrivée à Naples sonnait déjà comme le début d'une malédiction. L'Italien pose ses valises en Campanie en 1991, au moment même où Diego Maradona fait les siennes. A Valence, il s'en va en 1999. Les deux années suivantes, le club joue la finale de la Ligue des champions. Cette même année 1999, il prend les rênes de l'Atlético, pour renouer avec la gloire obtenue trois ans plus tôt par le club madrilène (doublé coupe-championnat). Mais son début de championnat est catastrophique, au point qu'il est remercié au bout de quelques mois. Et à l'issue de la saison, le club descend en deuxième division.
Ranieri, le calme du "bricoleur". Décrié tout au long de sa carrière, notamment par la presse anglaise, qui l'affuble du surnom de "Tinkerman" - le "bricoleur - en raison de sa propension à changer de stratégie et de joueur d'un match à l'autre, Claudio Ranieri est en train de prendre une revanche incroyable avec Leicester. Depuis le début de saison, il est d'ailleurs celui qui, en Premier League, a fait le moins de changement dans son onze de départ. Car il semble, là plus qu'ailleurs, avoir trouvé de la sérénité. Celle-là même qu'il transmet à ses joueurs. "Je ne sais pas comment il fait pour nous calmer, il le fait juste de manière normale", a expliqué lundi son latéral droit Danny Simpson.
Vers le plus grand exploit de sa carrière. Et c'est peu dire que la recette marche. Alors que l'équipe était relégable l'an passé à la même époque, Ranieri est sur le point de remporter son tout premier championnat majeur, peut-être au moment où l'on s'y attendait le moins. Certes, rien n'est encore fait. Mais cette fois, même une deuxième place, synonyme de qualification en Ligue des champions, aurait un goût de victoire.