Il s'attendait au combat le plus dur de sa carrière, il a été servi. Tony Yoka a posé le genou à terre et a subi sa première défaite chez les professionnels face au Congolais Martin Bakole, samedi soir à Paris-Bercy.
Face à un adversaire mieux classé que lui dans la hiérarchie mondiale, le poids lourd français avait l'occasion de franchir une étape majeure dans sa carrière mais il a été étouffé par la puissance du Congolais. "Aujourd'hui, Martin a été plus fort, je pense que tout le monde a pu le voir", a reconnu le Français sur le ring, sous quelques sifflets des spectateurs de Bercy.
Le champion olympique 2016 compte désormais onze victoires pour une défaite depuis son passage chez les pros en 2017. Comme attendu, Bakole, qui en est lui à 18 victoires en 19 combats, s'est jeté avec rage dans la bagarre et Yoka a subi son incroyable puissance dans les premiers échanges. Ce qui n'était pas prévu en revanche, c'est que Yoka mette genou à terre dès la fin du premier round.
Le Français a été compté, a secoué la tête puis s'est relevé pour repartir au combat. Les débats se sont quelque peu équilibrés dans les rounds suivants mais Yoka a toujours semblé en difficulté par la suite. Le Parisien de 30 ans était largement mené au point à mi-combat.
L'enjeu était de savoir si le Congolais, plus massif mais moins mobile que le Français, allait tenir la distance. Il a paru montrer des marques de fatigue, notamment dans la huitième reprise, mais a réussi à résister grâce à ses 125,6 kg et son mètre 98. Au contraire, c'est le Français (109,6 kg, 2,01 m) qui a semblé complètement épuisé dans le dernier round.
"Retourner travailler"
Contrairement à ses précédentes apparitions sur le ring, Yoka, 15e mondial, n'était pas le grandissime favori de la soirée puisqu'il était opposé pour la première fois à un adversaire mieux classé que lui (13e). Il avait d'ailleurs prévenu qu'il s'attaquait au défi le plus relevé de sa carrière.
Avec cette première défaite, il subit un sérieux coup d'arrêt dans sa "Conquête" vers les sommets de la boxe mondiale. Il devra maintenant batailler pour trouver des adversaires lui permettant de s'approcher d'une ceinture mondiale, son obsession depuis le début de sa carrière.
Venu au bord du ring en début de soirée pour constater le succès expéditif de son petit frère Victor, qui faisait ses grands débuts chez les professionnels, Yoka s'est incliné aux points, sur décision partagée des juges (96-92, 95-93, 94-94).
Sous les yeux des 9.000 spectateurs réunis à l'Accor Arena, il n'a pas su se reposer sur sa palette technique face au Congolais, plus agressif. "Il est temps de retourner travailler, peut-être de changer certaines choses", a analysé Yoka, champion du monde amateur en 2015.
Bakole aux portes du top 10
A 28 ans, Martin Bakole, le sparring partner privilégié des stars de la catégorie reine, d'Anthony Joshua à Tyson Fury ou Oleksandr Usyk, peut pour sa part frapper à la porte du gratin mondial grâce à sa boxe agressive et puissante et pourra viser rapidement le top 10 des classements mondiaux.
"Je suis vraiment fier. C'est un grand combat pour moi face à Tony", a-t-il déclaré. Avec cette victoire solide et malgré un nom peu clinquant, il s'impose encore un peu plus comme un candidat sérieux pour une finale mondiale.
La soirée a également été le théâtre du deuxième combat pro du Français Sofiane Oumiha, médaillé d'argent aux Jeux olympiques de Rio, qui vise aussi une qualification pour les JO de Paris. Oumiha s'est imposé aux points face à un autre tricolore, Mevy Boufoudi, qui était invaincu en huit combats jusqu'ici chez les légers.