Préparation tronquée, situation sanitaire : pourquoi le Tour de France s'annonce "périlleux"

  • Copié
Antoine Terrel

Décalé au 29 août, le prochain départ du Tour de France s'accompagne de beaucoup d'incertitudes, entre des coureurs à la préparation perturbée ces derniers mois, et la situation sanitaire qui continue d'inquiété les autorités et les organisateurs. 

Attendue chaque année par des millions de passionnés, la Grande Boucle se déroulera cette année dans des conditions bien particulières, en raison de l'épidémie de coronavirus. Alors qu'il se tient d'habitude au mois de juillet, le Tour de France a été décalé au 29 août et durera jusqu'au 20 septembre. Mais l'organisation de la course, ainsi que son déroulement, resteront bien évidemment très impactés par la situation sanitaire. 

Sur le plan sportif, tout d'abord, les coureurs seront-ils tous dans une condition optimale, pour l'une des courses les plus importantes de la saison ? Leur préparation a été "très perturbée", rappelle dans Culture Médias Axel May, journaliste au service des sports d'Europe 1, évoquant notamment l'arrêt de Paris-Nice au mois de mars, alors que la course d'une semaine constitue généralement une étape cruciale dans la préparation des coureurs pour le Tour. 

"Beaucoup de chutes dans différentes épreuves"

Par ailleurs, pendant le confinement, les coureurs ne pouvaient pas s'entraîner normalement en roulant en extérieur, en raison des strictes restrictions des déplacements. "Ils ont fait du home trainer, ce qui est pas toujours très agréable (...) et ne savaient pas quand ça allait reprendre", raconte encore Axel May. "Ça a été très perturbée comme saison, et ça l'est encore."

Et ce manque de préparation s'est ressenti dès la reprise, à en croire le journaliste d'Europe 1. "La saison a commencé début août, et on a vu beaucoup de grosses chutes dans différentes épreuves, ce qui est peut-être lié au fait qu'ils étaient comme des lions en cage, que dès qu'on les a lâchés, ils sont partis sans doute trop vite", explique Axel May, pour qui "le manque de répétition des courses a sans doute joué". Et d'anticiper : "Au début du Tour, je ne serais pas étonné qu'on ait plus de chutes que d'autres années", le début de la course de trois semaines étant "toujours assez nerveux". 

La crainte d'un cas au sein du peloton

Au-delà de la forme incertaine des coureurs, la circulation toujours active du coronavirus sur le territoire met-elle en péril le bon déroulement de la course cycliste ? Ce tour "est périlleux", reconnaît Axel May, notant que "l'organisateur doit se poser beaucoup de questions". Le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme, a d'ailleurs appelé mercredi les spectateurs en bord de route à porter un masque, et dévoilé une batterie de mesures de précaution. La présentation des équipes, le 27 août, se fera ainsi en présence de 1.750 personnes assises maximum. Par ailleurs, une cellule Covid de 15 personnes sera sur le pont, en lien avec les Agences régionales de santé (ARS). Un laboratoire mobile de dépistage sera présent tout au long du Tour, "avec des résultats connus dans les deux heures maximum".

Les coureurs seront notamment soumis à deux tests avant le départ ainsi qu'à chaque journée de repos. Des "bulles" seront mises en place, par exemple pour les équipes et leur encadrement, pour éviter au maximum les contacts avec des personnes extérieures. Le protocole du podium d'arrivée sera lui réduit au strict minimum.

Mais le scénario le plus redouté reste évidemment qu'un cas de coronavirus soit détecté au sein du peloton. "Imaginons que Maillot jaune ait le virus, il va être exclu du Tour", craint Axel May. "Il y aura beaucoup de suspens et d'interrogation", conclut le journaliste.