Pour toutes les personnes présentes au Stade de France le 13 novembre dernier, la rencontre entre la France et l'Allemagne n'aura été qu'une anecdote. Ce soir-là, l'enceinte de Saint-Denis est visée par trois kamikazes, tuant un passant juste avant les sanglantes attaques de Paris. Mais le bilan aurait pu être bien plus lourd sans l'intervention d'un agent de sécurité.
Salim Toorabally, un des stadiers, a en effet empêché un des kamikazes d'entrer dans le stade de France. Dans le même temps, Blaise Matuidi, le milieu de terrain de l'équipe de France, était présent sur la pelouse lors du match amical contre l'Allemagne. Le quotidien L'Equipe, dans son édition de jeudi, a réuni les deux hommes, pour un échange poignant sur cette terrible soirée du 13 novembre.
"Il tente de passer devant un autre collègue". L'agent de sécurité a ainsi raconté en détails, sous le regard "attentif et sidéré" de Blaise Matuidi, son face à face avec un des terroristes du Stade de France. "Quarante minutes avant le coup d'envoi, une personne cherche à passer derrière un autre spectateur. (…) Je lui dis que ça ne se passe comme ça, qu'il doit avoir son billet sur lui. Du coup, je le refoule. (…) Après dix minutes, il se décale et tente de passer devant un autre collègue que je préviens en lui faisant des signes", se souvient Salim Toorabally.
Grâce à son intervention, le kamikaze n'est pas parvenu à pénétrer dans le stade, évitant ainsi un bain de sang. "C'est exceptionnel ce que vous avez fait. Je sais que, sans des gens tels que vous, ça aurait pu être bien pire", lui a répondu Blaise Matuidi.
"Vous êtes mon héros". Les deux hommes ont également fait part de leur appréhension à quelques jours de revenir au Stade de France pour le match amical contre la Russie (mardi soir). "Je suis ravi de vous rencontrer parce que j'ai été un peu traumatisé par ce qui s'est passé, tout comme ma famille, et tous les autres joueurs", a confié Blaise Matuidi au stadier.
Comme le milieu du PSG, Salim Toorabally a avoué sa crainte de revenir aux portes du stade, le poste qu'il occupait le soir du 13 novembre. "Je serai au Stade de France (contre la Russie, ndlr), mais pour l'instant je ne fais pas les portes. J'hésite à y revenir. Parce qu'après coup, le traumatisme est encore là". Et Blaise Matuidi de conclure, admiratif : "Aujourd'hui, vous êtes plus qu'un héros. Vous êtes mon héros aussi."