La Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) a depuis mercredi un nouveau président : le Britannique Sebastian Coe, aujourd’hui âgé de 58 ans. Un homme multicarte qui, en plus d’avoir été un champion d’athlétisme, a eu une carrière d’homme politique et d’hommes d’affaires. Ajoutez-y une expérience dans les institutions sportives internationales et vous comprendrez que Sebastian Coe avait toutes les cartes en main pour présider aux destinées de l’athlétisme mondial. Et ce alors que son adversaire pour la présidence de l’IAAF n’était pas un poids plume : il s’agissait d’un certain Sergueï Bubka, le perchiste aux 35 records du monde.
Avant tout un athlète d’exception. Ses premiers faits de gloire, Sebastian Coe les a accomplis sur les pistes d’athlétisme. Ce Londonien né en 1956 a en effet survolé le demi-fond entre la fin des années 1970 et le milieu des années 1980. Sebastian Coe est ainsi devenu en 1979 le premier athlète à détenir à la fois les records du monde des 800, 1500 m et du mile (1609 m), exploit encore inégalé à ce jour. Une période au cours de laquelle il a également glané une médaille d’or sur 1500 mètres aux Jeux olympiques de Moscou (1980) puis de Los Angeles (1984), deux compétitions dont il est également revenu à chaque fois avec une médaille d’argent sur 800 mètres.
Le secret de la réussite de ce fils d'une famille de la classe moyenne ? Un père ingénieur qui fut aussi son entraineur, ainsi qu’une formation "à l’ancienne" dans les labours des cross et sur le tartan. Sans oublier une morphologie idéale pour ce sport, un petit gabarit doté de cuisses puissantes.
Puis une carrière politique. Parce qu’un homme habitué à tout gagner a du mal à revenir à la vie normale, Sebastian Coe s’est rapidement attaqué à un autre défi : réussir en politique. C’est chose faite en 1992 lorsqu’il devient député de la circonscription de Falmouth et Camborne, dans les Cornouailles, sous les couleurs du parti conservateur. Un mandat qu’il conserve jusqu’en 1997, avant d’être fait Lord à vie en 2000. Une période au cours de laquelle il devient le bras droit de William Hague, candidat des Torries défait par Tony Blair en 2001. Il décide alors de prendre ses distances avec la politique, même si son camp espérait qu’il devienne le candidat conservateur pour la mairie de Londres en 2016. En vain.
Habitué des hautes instances sportives. Après le sport de haut niveau et la politique, c’est tout naturellement sur les instances sportives que Sebastian Coe a jeté son dévolu. D’abord en devant membre du Conseil de l'IAAF en 2003, puis vice-président en 2007.
Il s’est également investi dans la course aux Jeux Olympiques en devenant président du comité de candidature puis d'organisation des JO-2012 de Londres, au détriment de Paris. Il est d’ailleurs toujours président du Comité olympique britannique. Ses points forts : une connaissance approfondie du sport de haut niveau, un entregent politique certain et un attrait pour le business. L’un de ses principaux faits d’armes fut notamment sa capacité à développer le sponsoring de ces JO, bien aidé par son expérience. Car comme si cela ne suffisait pas, Sebastian Coe est également président de CSM, une société de marketing sportif, et conseiller de l'équipementier Nike.
Seule ombre au tableau, son passage au sein de la Fédération internationale de football (Fifa), dont il fut président de la commission d'éthique indépendante, une instance qui n’a pas brillé par son volontarisme.
Les défis qui l’attendent. Une fois les présentations faites, reste à savoir ce qui attend Sebastian Coe. Et il y a de quoi faire. Car s’il considère que "l'athlétisme est le premier sport", ce dernier est néanmoins victime d’une désaffection des jeunes, plus portés à faire carrière dans le football. Sa première mission sera donc de raviver l’attractivité de l’athlétisme, qui a néanmoins un porte-étendard de premier choix en la personne d’Usain Bolt.
Paradoxalement, l’athlétisme a le vent en poupe grâce à la mode du running. Un nombre toujours plus grand de villes organisent d’ailleurs des marathons et des semi-marathons qui rencontrent un véritable succès. Mais la fédération n’a pas la main sur ces évènements et ne peut profiter de leur visibilité ni de leurs retombées économiques.
Mais ces missions pourraient passer au second plan après le retour des accusations de dopage. Fin juillet, la chaîne publique allemande ARD et le journal britannique The Sunday Times ont avancé qu'un tiers des médaillés mondiaux ou olympiques, entre 2001 et 2012, présenteraient des valeurs sanguines suspectes. La Russie et le Kenya ont été particulièrement visés. "C'est nous qui avons montré la voie de l'antidopage. En tant que sport, c'est nous qui avons tracé le chemin des tests hors-compétition, des laboratoires accrédités. Suggérer que d'une certaine façon nous avons au mieux laissé faire et au pire été complices en couvrant le phénomène, n'est confirmé en rien par notre action lors des 15 dernières années", a répliqué Sebastian Coe. Il n’en demeure pas moins que les professionnels du dopage ont toujours une longueur d’avance sur les contrôleurs et que le monde de l’athlétisme va probablement devoir se mettre à niveau.