C'est la revanche que l'on n'attendait pas. Alvaro Morata, remplaçant la saison dernière au Real Madrid, a précipité la chute de son ancien club, mercredi soir, en Ligue des champions. Déjà buteur à l'aller (2-1 pour la Juve), le jeune international espagnol, 22 ans, a marqué le but de l'égalisation de la "Vieille Dame", mercredi, au retour (1-1), un but de l'égalisation qui fut celui de la qualification. Après avoir trompé Iker Casillas après un bel enchaînement contrôle de la poitrine-frappe du gauche, Morata, formé au Real, n'a volontairement pas célébré son but, attitude qu'il avait déjà eue à Turin. Lors de sa sortie du terrain, l'international espagnol a poliment applaudi les spectateurs du Bernabeu, qui ont salué la sortie de l'ancien banni du onze type, devenu bourreau du soir.
Morata inscrit le but de la qualification de la Juve :
"J'ai joué comme si c'était un entraînement." "J'ai marqué un but important mais je garde un sentiment doux-amer. Je veux remercier le public du Real parce qu'il s'est toujours bien comporté avec moi", a commenté le héros de la soirée au micro de Canal+ Espagne. "J'aurais aimé faire cela face à une autre équipe mais c'est la vie. Ici et à Turin, j'ai joué comme si c'était un entraînement et j'ai dû m'arrêter un moment pour me reconcentrer. (Sergio) Ramos et (Iker) Casillas m'ont félicité, ce sont des amis." Morata a porté les couleurs du Real Madrid entre 2008 et 2014, d'abord celui de la "Castilla", la deuxième équipe, avant de passer en équipe une en 2010 et d'être régulièrement utilisé la saison passée, avec 34 apparitions et 9 buts toutes compétitions confondues.
Transféré l'été dernier pour 20 millions d'euros du Real à la Juve, Morata s'est révélé cette saison sous le maillot des Bianconeri dans un rôle évidemment différent de celui qu'il tenait au Real. De remplaçant, notamment de Karim Benzema, qu'il avait suppléé en finale de la Ligue des champions en mai 2014, il est devenu l'un des joueurs clés de la Juve, notamment par sa faculté à conserver le ballon et à orienter le jeu. Mais à Turin, il a également dû se faire une place après s'être blessé à une cheville dès son arrivée. "Il est en train de devenir un joueur important, il a beaucoup progressé", a confié son coach, Massimiliano Allegri. "C'est un joueur jeune et quand il était ici à Madrid, en concurrence avec tous ces grands joueurs, il jouait puis ne jouait pas. Quand il est arrivé chez nous, il a aussi commencé sur le banc mais désormais c'est un joueur important, à qui il reste de grandes marges de progression."
De retour au Real en 2016 ? Morata, la tête basse après son but, fait la (très belle) Une du quotidien sportif madrilène As, qui titre simplement "Morata, ténia que ser" (Morata, cela devait se passer ainsi)", avec cette accroche "Une année de plus sans la finale rêvée", celle qui devait opposer le Barça au Real. Le concurrent de As, Marca, a joliment titré sur son site Internet "Moratazo", jeu de mot qui renvoie à "matado" pour "assassiné". Sur sa Une de jeudi, le quotidien évoque "l'échec du siècle" pour définir l'élimination du Real, qui tenait mercredi une occasion en or d'offrir à l'Espagne la "finale de toutes les finales" contre le Barça le 6 juin prochain, à Berlin.
Finalement, ce sera une finale Barça-Juve et il est évidemment ironique que ce soit un enfant du Real qui prive son club formateur d'un rendez-vous aussi attendu et de la possibilité de remporter deux Ligue des champions consécutivement, ce qui n'a jamais été fait dans l'ère moderne. Et pourtant, le Real savait qu'en lâchant Morata à la Juve pour faire de la place aux stars internationales, il laissait partir un sacré talent. C'est pour cette raison que le club a mis une clause au transfert qui lui permet de racheter Morata pour 30 millions d'euros, soit 10 millions de plus "seulement" que le prix de vente (20 millions), à la fin des saisons 2015-16 ou 2016-17...