Unique en son genre, le bateau de François Gabart (Macif) qui a pulvérisé dimanche le record mondial du tour du monde en solitaire, est un maxi trimaran façonné pour la navigation en solitaire avec un cockpit entièrement fermé, une première dans la course au large.
Foils et légèreté. Quand on le voit installé à la barre de son multicoque sur les vidéos qu'il poste, Gabart a l'air d'être un aventurier de l'espace aux commandes d'un vaisseau spatial. C'est après son épopée victorieuse lors du Vendée Globe 2012/2013, qu'il s'est fait mitonner ce super engin capable de lui permettre de retourner seul faire le tour du monde à toute vitesse mais cette fois en multicoque. Son nouveau bateau a été mis à l'eau le 18 août 2015 après avoir été conçu par le cabinet VPLP, en accord avec les désidérata du marin.
Le bateau est un maxi-trimaran, classé dans la catégorie très élitiste des Ultim (32 m de long pour 23 m de large maximum), mais bien plus léger (environ 13 tonnes) que ceux des rivaux (15 tonnes en moyenne). Et équipé de foils, ces fameux appendices qui révolutionnent la course au large en permettant au bateau de voler sur l'eau (les foils élèvent le bateau au-dessus de l'eau). "Plus les bateaux sont légers, plus les foils sont efficaces plus tôt. On a fait un bateau moins large que ceux de la classe Ultim, on a réduit la taille du mât, des voiles, donc on gagne du poids. On a choisi d'aller dans ce sens et on a bien réussi notre coup", se réjouit auprès de l'AFP l'architecte naval Vincent Lauriot-Prévost.
En chantier. L'idée était de faire le meilleur compromis entre puissance et légèreté pour que ce bateau soit très performant en solitaire. "C'est vraiment un bateau de solitaire", insiste Vincent Lauriot-Prévost. Les foils sont nettement plus petits que ceux des tout derniers maxi-trimaran comme celui de Sébastien Josse (Maxi Edmond de Rothschild) et Armel Le Cléac'h (Maxi Banque Populaire). "Les foils sont relativement petits et à la fois très stables. Ils sont moins performants que des foils plus grands mais nous sommes sur un projet évolutif", indique l'architecte. Le bateau sera en chantier après le tour du monde pour que de grands foils soient posés.
Siège baquet. Ce qui ne bougera pas, ce sera ce cockpit fermé qu'a brillamment imaginé Gabart. Parfaitement calé dans un siège baquet, utilisé par les pilotes de rallye, il a à portée de main son tableau de bord, ses ordinateurs, ses ustensiles de cuisine pour une tambouille rudimentaire et son lit-couchette. Il est à l'abri du vent et des giclées d'eau que tous les marins prennent en permanence dans le visage et qui éprouvent.
"Naviguer 100% à sec". "Sur un tour du monde, sa vie consiste à aller vite tout le temps et à être dans un état de stress pendant un mois et demi. Se sentir protégé lui permet de pousser la machine plus loin. C'est loin d'être négligeable", relève Guillaume Combescure, l'un des ingénieurs de l'équipe. "François a le premier bateau conçu pour pouvoir naviguer 100% au sec", explique Lauriot-Prévost. "Il peut aller de son 'appart' à son bureau en 'crocs' ! Il doit aller dans son jardin de temps en temps pour voir si tout va bien et là il doit mettre son ciré".