C'est l'affiche que tout le monde attend. Novak Djokovic, tête de série n°1, et Rafael Nadal (n°6) sont dans la même partie de tableau à Roland-Garros et pourraient s'affronter dès le stade des quarts en finale. La bataille éventuelle contre le nonuple vainqueur du tournoi - il leur reste encore deux matches à gagner avant -, le joueur serbe semble déjà la préparer. Et pas uniquement raquette à la main.
Sur le terrain. Déjà vainqueur de l'Open d'Australie (cinq fois), de Wimbledon (deux fois) et de l'US Open (une fois), Novak Djokovic, 28 ans, cherche à accrocher Roland-Garros à son tableau de chasse. Cette année, le Serbe est arrivé porte d'Auteuil avec une confiance gonflée à bloc. Il a remporté les 12 matches qu'il a disputés sur terre battue cette saison, avec deux titres en Masters 1000, à Monte-Carlo et à Rome. Pendant ce temps-là, Nadal, lui, perdait cinq fois sur sa surface fétiche.
Opposé au premier tour au Finlandais Jarko Nieminen, qui l'avait déjà battu par le passé, "Nole" n'a guère tremblé, mardi (6-2, 7-5, 6-2). Jeudi, il a également assuré face au Luxembourgeois Gilles Muller (6-1, 6-4, 6-4), malgré une alerte physique dans la deuxième manche et un recours au soigneur. "J'ai glissé beaucoup et je sens quelques douleurs dans la jambe droite", a expliqué le "Djoker", qui a reconnu avec le sourire qu'il n'avait "pas peur". Ce match face à Nadal, il le veut. Car ce n'est pas un simple quart de finale qu'il disputerait face au Majorquin, c'est carrément un exorcisme. "Rafa" l'a battu six fois sur six à Roland-Garros (une fois en quarts, trois fois en demies, deux fois en finale). Mais de ces six défaites, c'est certainement celle de l'an dernier qui laisse aujourd'hui à Djokovic le plus de regrets. Et d'espoirs…
Au micro. Mardi, lors de son retour sur le court Philippe-Chatrier, Djokovic a fait référence à cette finale 2014, perdue en quatre sets. Interrogé par Cédric Pioline sur la qualité de son tennis, "Nole" a sorti une réponse à coté du sujet mais parfaitement ciblée et préparée. "Jamais je n'oublierai la minute d'applaudissements après la finale ici l'an dernier", a insisté Djokovic, qui a brossé le Central dans le sens du poil. "Ça restera comme un moment fort de ma carrière." C'est peut-être sincère mais c'est surtout particulièrement bien-vu. Le Serbe n'ignore pas qu'avoir le public du court Philippe-Chatrier dans sa poche pourrait être un atout. Et, surtout, surtout, Djokovic a fait cette déclaration en français, dans un très bon français même, avec des progrès perceptibles depuis l'an dernier. Le français, une langue que n'a jamais cherché à parler Nadal, malgré sa décennie presque ininterrompue de règne. De là à dire que Djokovic s'est mis au français pour mettre tous les atouts de son côté...
Avec les arbitres. Mais la langue de Molière n'est pas la seule arme qu'a déjà dégainée Djokovic "face à" Nadal. Quand le nonuple vainqueur du tournoi confirme en conférence de presse avoir demandé à ne pas être dirigé par un arbitre précis (en l'ocurrence Carlos Bernades), Djokovic, lui, explique en substance que les arbitres ne font pas un métier facile et qu'ils doivent être soutenus. "Je me souviens de quelques matches où je n'étais pas très content de la prestation des arbitres, mais je n'ai jamais pensé à demander à ce qu'un arbitre ne m'arbitre plus", a fait savoir le n°1 mondial. "Ils font leur boulot du mieux qu'ils peuvent."
Si Djokovic souhaitait se mettre le corps arbitral dans la poche en ce début de quinzaine (et avant un éventuel match, forcément tendu, face à Nadal en quarts de finale), il ne s'y serait pas pris autrement.
Avec tout le monde. Mais Djokovic n'est pas seulement sympa avec les arbitres, c'est un séducteur invétéré. Jeudi, à l'issue de son entraînement matinal, il s'est ainsi offert avec son staff, dont son coach Boris Becker, une petite séance de tennis-pétanque avec des balles de tennis, le tout sous les yeux des premiers spectateurs du court Suzanne-Lenglen, un peu incrédules. En plus d'être sympa, ce type est donc drôle. Le n°1 mondial s'est ensuite offert une photo au milieu du court avec des responsables de l'entretien avant de sacrifier à une petite séance d'autographes, avec même quelques selfies. Ces fameux selfies qui ont fait beaucoup causer Roger Federer, un Federer que Djokovic pourrait retrouver en finale...