Face à l'Israélien Dudi Sela, mardi, au deuxième tour de Roland-Garros, Jo-Wilfried Tsonga a réalisé 5 aces, gagné 88% des points suivant sa première balle et signé 31 coups gagnants, soit deux fois plus que son adversaire. Si l'on peut observer (et commenter) ces statistiques (notamment sur le site du tournoi), c'est parce que des personnes les ont relevées pour nous. Europe 1 a retracé le parcours d'une statitistique, entre le moment où elle est observée sur le court et l'instant où elle nous parvient.
La collecte humaine. Le tableau d'affichage du court ne bouge pas tout seul. Ce n'est pas l'arbitre qui fait évoluer le score sur l'écran, comme on pourrait le penser, mais ce que l'on appelle des "marqueurs" travaillant pour IBM, partenaire du tournoi et fournisseur officiel des données.
La mission de ces "marqueurs", situés au bord du court ou en hauteur, est dans leur nom : ils marquent. "Dès qu'un point est marqué, j'appuie sur un bouton et ça s'affiche sur le panneau", nous explique Sébastien, qui a officié mercredi sur le court n°1 lors de la rencontre entre Radek Stepanek et Tomas Berdych. "Une fois que j'ai affecté le point au joueur, je décris ce qui s'est passé, si c'est une faute directe, un point gagnant, un revers, un coup droit, etc."
Les marqueurs fonctionnent par paire. Le deuxième membre du binôme est lui chargé du service (et notamment du calcul de la vitesse via un algorithme) ainsi que du nombre de coups par échange. Le boîtier est de nature différente et les informations sont affichées sur un écran adjacent.
La collecte électronique. Si l'essentiel de la collecte statistiques est faite de manière humaine, l'électronique vient en complément pour fournir de plus en plus de données aux joueurs et spectateurs. C'est le cas cette année pour le nombre de kilomètres parcourus par les joueurs. Calculée en temps réel, cette statistique est fournie par Hawk-Eye, société à l'origine de l'arbitrage vidéo qui n'a pas cours à Roland-Garros, rappelons-le. Ici, les multiples caméras ne servent donc qu'à calculer les déplacements des joueurs, comme c'est le cas par exemple dans le football.
Autre innovation, la "raquette connectée", travail commun également, cette fois d'IBM avec l'équipementier Babolat. Celle-ci permet de montrer avec quelle partie de la raquette le joueur a frappé en moyenne grâce à de multiples capteurs disséminés sur le tamis.
Rafael Nadal, notamment, l'utilise (on voit ci-dessus sa moyenne de frappe, revers et coups droits confondus, sur son premier match). Difficile, pour le spectateur, d'en tirer une quelconque conclusion, mais il s'agit pour le joueur perfectionniste d'un plus indéniable.
La diffusion. Une fois que les statistiques ont été collectées, elles sont diffusées sur l'ensemble des canaux de diffusion : les principales sur le tableau d'affichage, d'abord, puis toutes les autres sur le live score des sites interne et externe du tournoi. Une personne chez IBM est chargée de s'assurer de la bonne diffusion des données. Reste la diffusion des statistiques à la télévision. Elles sont généralement diffusées en fin de set, mais peuvent être éditorialisées.
Par exemple, après que Monfils a raté une balle de break, on pourra diffuser une statistique soulignant que le joueur français a manqué beaucoup d'occasions (ce fut le cas mercredi). "Chacun des sept opérateurs synthé répartis dans les camions de télévision choisit la statistique à diffuser sur un écran où le flux de données assuré par les marqueurs arrive en temps réel", nous explique Claire Herrenschmidt, responsable du projet Roland-Garros IBM France.
La mise en perspective. C'est l'une des nouveautés proposées par IBM cette année. Chaque rencontre est précédée de la définition de trois clés statistiques, des critères que le joueur doit s'acharner à remplir pour optimiser ses chances de l'emporter.
Par exemple, dans le cas de Tsonga face à Sela, mardi, il devait se fixer comme objectif de remporter plus de 50% de points sur un coup gagnant ou une faute provoquée, gagner plus de 75% de points sur son premier service et enlever plus de 27% de points sur le premier service adverse.
Face à Sela, Tsonga a rempli trois clés dans les premier et troisième sets et deux dans le deuxième set. Comment ont été définies ces clés, me direz-vous ? Par l'assimilation de huit années de parcours du joueur en Grand Chelem et l'analyse de 41 millions de points. Ces clés, à la pertinence parfois toute relative, avouons-le, ont au moins le mérite de proposer autre chose en matière de statistiques, un domaine évidemment indisociable du tennis.