Novak Djokovic est devenu mercredi le deuxième joueur de l'histoire à battre Rafael Nadal à Roland-Garros (7-5, 6-3, 6-1). Le précédent s'appelait Robin Söderling et c'était en huitièmes de finale de l'édition 2009. Que ce soit Djokovic qui rejoigne le Suédois dans l'histoire est plus que logique. D'abord, parce que c'est lui qui en fut le plus proche, notamment lors des dernières confrontations contre Nadal sur la terre battue parisienne, en 2012 (finale), 2013 (demi-finale) et 2014 (finale). Et aussi, et surtout, parce que Djokovic est incontestablement aujourd'hui le meilleur joueur du monde. Il l'a prouvé mercredi.
Un tennis au plus-que-parfait. A l'issue de sa défaite face à Djokovic, lundi, Richard Gasquet avait indiqué que le Serbe développait un tennis parfait. Ce n'est pas ça, c'est un tennis au plus-que-parfait. Mercredi, "Nole" a pris Nadal à la gorge d'entrée en jouant très haut dans le court, en ne laissant pas l'échange s'installer. Les statistiques sont éloquentes : le Serbe a effectué 36 montées à la volée, pour 69% de succès. Il a également réalisé 45 points gagnants, presque le triple de son adversaire (16). Il a prouvé aussi ses qualités de relanceur, avec 38% de points gagnés seulement par Nadal sur sa deuxième balle. Non, la victoire du Serbe sur Nadal à Monte-Carlo, en avril dernier (6-3, 6-3), n'était pas un accident de l'histoire. Elle était seulement la première preuve de la domination à venir (d'ailleurs, mercredi, le Serbe n'a laissé également que trois jeux en moyenne par manche à son adversaire). Aujourd'hui, Djokovic est bien le n°1 mondial, y compris sur terre battue. Et Nadal, beau joueur, l'a reconnu : "J'ai eu mes moments, mais de manière générale Novak a été en contrôle la plupart du temps. Il a été meilleur que moi, c'est tout. C'est simple : quand votre adversaire joue mieux que vous et est en meilleure forme que vous, ça peut arriver (de perdre)."
Un mental à toute épreuve. Mercredi, lors de son seul coup de chaud, quand il a été remonté de 4-0 à 4-4 dans la première manche, Djokovic ne s'est pas démonté. Il a remporté son jeu de service suivant avant de poursuivre son travail de sape par la suite. Certes, Nadal a bien réalisé quelques beaux points, y compris sur des balles de set, mais il a toujours été mis sur le "reculoir". Il ne s'est procuré que 5 balles de break (2 converties) contre... 18 à Djokovic (7 réussies). Les multiples ratés du "Djoker" n'ont pourtant pas entamé sa confiance. Et quand le match avait déjà tourné en sa faveur, on l'a vu s'irriter contre la qualité du court. Cet homme-là ne lâche rien. Son prochain adversaire en demi-finales, l'Ecossais Andy Murray, vainqueur de l'Espagnol David Ferrer, est prévenu.
Un objectif en tête. A l'issue de sa victoire, Djokovic a une nouvelle fois répondu en français au micro. "Bien sûr que j'ai beaucoup de respect pour 'Rafa'. Il ne joue pas au niveau auquel il nous a habitués (Nadal a longtemps été blessé en fin de saison dernière et n'a pas gagné un seul tournoi majeur depuis le début de la saison, ndlr). C'est un champion et c'est toujours un plaisir de jouer contre lui", a confié le Serbe, magnanime. Visiblement fatigué par le combat qu'il venait de mener, le "Djoker" n'a cette fois pas mené son habituelle opération séduction sur le court Philippe-Chatrier. L'émotion était trop forte et le Serbe sait aussi que le tournoi n'est pas fini. Il lui reste deux matches pour compléter son Grand Chelem en carrière, lui qui a déjà enlevé les trois autres Majeurs du calendrier. Il sait aussi qu'après son exploit en 2009, Söderling avait fini par perdre en finale. Ce que le Serbe, on en est sûr, s'interdit d'envisager.