Elle avait sept ans lorsqu'elle a vu Mary Pierce soulever le trophée à Roland-Garros en 2000. Depuis, Kristina Mladenovic a grandi et n'a plus vu de joueuse française remporter le prestigieux tournoi parisien. Et si elle était la prochaine ? "Peut-être. Pourquoi pas ?", répond Mary Pierce dans les colonnes de L'Equipe. Mladenovic peut légitimement y prétendre, d'autant plus qu'elle ne manque pas d'ambition. "Je pense que je peux être la fille à battre", déclarait-elle, sûre d'elle, avant le début de la quinzaine.
Le scalp de la tenante du titre. Et sur la première semaine, "Kiki" s'est montrée à la hauteur de ses ambitions en éliminant Jennifer Brady, Sara Errani puis Shelby Rogers. Et puis le premier gros test s'est présenté à elle. Pour espérer rejoindre les quarts de finale, il lui fallait battre Garbine Muguruza, tenante du titre. Trois sets (6-1, 3-6, 6-3) et près de deux heures de jeu plus tard, Mladenovic tenait son exploit et la cinquième joueuse mondiale quittait la Porte d'Auteuil en larmes.
Un public acquis à sa cause
Pour s'ouvrir les portes des quarts de finale, Kristina Mladenovic s'est donc appuyée sur son talent, sur son physique, beaucoup ("A la fin du match, j'aurais pu jouer encore assez longtemps. Les feux sont au vert"), et le public, passionnément. Les marques d'affection entre elle et le public parisien ont été nombreuses lors des premiers matches mais dimanche, on a atteint un niveau rarement vu lors d'un match de tennis. "Ola", banderoles, chants... C'est dans une ambiance de folie que la Française est venue à bout de Muguruza.
— Roland-Garros (@rolandgarros) 4 juin 2017
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"On est en quart de finale !" "Vous me faites pleurer, là... Allez, je vais essayer de parler", a-t-elle lâchée la voix remplie d'émotion au micro du court Suzanne-Lenglen après sa qualification, avant de s'exclamer : "On est en quart de finale !" Un "on" qui veut tout dire... En conférence de presse aussi, le sujet a été évoqué. "J'en ai encore la chair de poule. Je ressens vraiment le soutien du public et j'ai envie de rendre aux gens ce qu'ils me donnent. On est comme en mission", explique-t-elle. Mais cela peut aussi être une pression supplémentaire : "C'est un énorme plaisir de partager ça, mais c'est aussi extrêmement dur pour moi nerveusement. J'ai des milliers de gens sur mes épaules."
Des retrouvailles tendues en quart
Le public, elle en aura aussi besoin pour mettre toutes les chances de son côté, mardi en quart de finale contre la Suissesse Timea Bacsinszky. Les deux joueuses se sont affrontées deux fois pour une victoire chacune. La dernière, c'était au mois de février, en Fed Cup. La Suissesse l'avait emporté et s'était attirée les foudres de Mladenovic pour avoir fait appel au kiné pendant la rencontre : "Elle est repartie en faisant des sauts de kangourou et courait mieux qu'avant. (...) Il y a des règles, elle les utilise au maximum, elle est connue pour ça. Moi, je n'ai pas ces valeurs-là."
Une demi-finale ouverte. Les retrouvailles s'annoncent donc légèrement tendues. Mais il faudra aller au-delà car derrière, c'est une demi-finale a priori assez ouverte qui s'offre à la gagnante, face à la Danoise Caroline Wozniacki, qui n'est pas une spécialiste de la terre battue, ou la Lettone Jelena Ostapenko, 47e joueuse mondiale.
Et si elle veut atteindre le dernier carré, "Kiki" devra surtout améliorer certaines choses, à commencer par son service. Les 16 doubles fautes qu'elle a commises contre Muguruza pourraient se payer bien plus cher, mardi. Avec une demi-finale à la clé, elle a tout intérêt à régler la mire. Elle deviendrait alors bien plus qu'une simple prétendante à la victoire finale mais bien une favorite.
"Kiki" a déjà gagné Roland-Garros
Il ne faut pas oublier que Kristina Mladenovic a déjà gagné Roland-Garros. Elle en est même tenante du titre puisqu'elle avait remporté, avec Caroline Garcia, la finale du double l'année dernière. Les deux Françaises avaient battu la doublette russe composée par Elena Vesnina et Ekaterina Makarova (6-3, 2-6, 6-4). C'était la première fois qu'une paire française s'imposait à Roland Garros depuis Gail Chanfreau et Françoise Dürr en 1971.
Un nouveau nom au palmarès. Quoiqu'il arrive, c'est un nouveau nom qui s'inscrira au palmarès des Internationaux de France cette année puisqu'aucune des huit qualifiées pour les quarts de finale n'a remporté de Grand Chelem dans sa carrière, exactement comme Garbine Muguruza en 2016. Kristina Mladenovic a justement éliminé l'Espagnole en huitièmes de finale. Faut-il y voir un signe ?