Roland-Garros : le fiasco du tennis français, un mal pour un bien ?

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Virginie Phulpin, édité par Gauthier Delomez , modifié à

C'est du jamais vu depuis 53 ans : aucun joueur français ne s'est qualifié au troisième tour dans les tableaux de simple, chez les hommes comme chez les femmes. Le tennis hexagonal avait-il besoin d'un échec retentissant pour mieux relever la tête ? Virginie Phulpin donne son avis dans "L'Édito sport" de la matinale d'Europe 1.

L'édition 2021 de Roland-Garros restera dans les annales du tennis français comme l'un de ses échecs les plus cuisants. Après la défaite de Richard Gasquet jeudi soir contre Rafael Nadal, il n'y a plus aucun représentant tricolore dans les tableaux de simple, dès le troisième tour. Une "performance" qui n'était plus arrivée depuis 53 ans et le début de l'ère Open (1968). Un constat loin d'être isolé, tant le tennis tricolore enchaîne les bilans faméliques ces dernières années aux Internationaux de France.

A partir de ce constat, comment le tennis français peut-il se relever ? Sur Europe 1, notre éditorialiste Virginie Phulpin livre son analyse au micro de Matthieu Belliard dans la matinale. Pour elle, le tennis français avait peut-être besoin d'un tel rappel à l'ordre pour repartir de l'avant.

"Ce zéro pointé peut être l’électrochoc dont on avait besoin, un échec historique pour enfin regarder la réalité en face. Cela fait plusieurs années que le tennis français est sur une pente descendante et savonneuse. Mais d’habitude, il y a toujours un joueur ou une joueuse à Roland-Garros pour être l’arbre qui cache la forêt du néant. Et on se concentre sur cette éclaircie pour se bercer de l’illusion que tout ne va pas si mal, finalement. L’an dernier, par exemple, c’est Hugo Gaston qui avait joué ce rôle, et on avait préféré s’extasier sur ses performances, et il y avait de quoi, plutôt que de voir le vide derrière. C’est humain, mais dangereux.

Ouvrir les yeux sur la santé du tennis français

Cette année, rien ni personne pour se raccrocher aux branches. Au moins comme ça c’est clair, on n’a plus d’autre choix que de l’avouer sans détours : le tennis français ne va pas bien. Vous savez, parfois, c’est utile de toucher le fond pour pouvoir rebondir. "Il n’y a plus de Français à Roland Garros." C’est la fameuse phrase qu’on attend chaque année, mi-amusés, mi-fatalistes. En 2021, elle arrive un peu en avance. On avait peut-être besoin de ça pour ouvrir les yeux.

La nouvelle présidence de la fédération doit relever le défi

C’est compliqué de tirer les leçons d’un échec collectif dans un sport individuel. La fédération ne peut pas créer de toutes pièces un champion ou une championne. Mais son devoir, c’est que les conditions soient réunies pour que les jeunes joueurs puissent éclore. Et manifestement, le système est grippé. Une nouvelle équipe est arrivée à la tête de la fédé en janvier, on ne peut pas lui imputer l’échec actuel évidemment. Mais maintenant, c’est elle qui doit relever le défi. Le tennis a changé, il y a aujourd’hui de nombreuses structures d’entraînement privées qui fonctionnent bien, et plutôt que de les regarder d’un air hautain, il faut travailler ensemble. C’est l’émulation qui fera la différence.

Retrouver le plaisir de jouer et travailler sur le mental

Il faut aussi retrouver la notion de plaisir et de bienveillance. Ca ne sert à rien de pousser à fond les plus jeunes pour qu’ils gagnent des tournois à 12 ans et soient complètement grillés une fois adultes. Et puis il y a quelque chose d’essentiel que le tennis français a trop longtemps négligé : travailler sur le mental. On est à Roland-Garros, on a sous les yeux le meilleur exemple qui soit : Rafael Nadal. C’est d’abord dans la tête qu’il est plus fort que les autres et ça, ça se travaille. Personne n’a de baguette magique, ça va prendre du temps. Mais le bilan désastreux de 2021 peut être le début d’une nouvelle ère."