Le quotidien de Roland-Garros, distribué tous les jours aux spectateurs de la porte d'Auteuil, l'a mise en Une jeudi : Kristina Mladenovic, 22 ans, dernière joueuse française du bas du tableau féminin. "Kristina Mladenovic sur sa lancée", titre le journal. Sans point d'interrogation. Or, c'est là toute la question...
Favorite face à la 89e joueuse mondiale. Deux jours après son exploit face à Eugenie Bouchard, tête de série n°6 et demi-finaliste l'an dernier (ou demi-exploit si l'on considère que la Canadienne n'est pas dans une bonne période), la native de Saint-Pol-sur-mer, qui reste également sur une finale à Strasbourg (perdue face à l'Australienne Samantha Stosur), la semaine dernière, sera opposée jeudi en fin de programme à la Monténégrine Danka Kovinic, 20 ans. Face à la 89e joueuse mondiale, le public du court Phlippe-Chatrier, sur lequel elle a été programmée en quatrième match, attend une confirmation.
Paris, la terre de ses exploits. Et c'est pour l'instant tout le problème de "Kiki", comme on la surnomme. Elle tarde à confirmer son statut de championne du monde junior acquis en 2009. En sept saisons déjà passées sur le grand circuit, elle n'a remporté qu'un seul tournoi, de faible importance, à Taïwan, en 2012, se contenant de quelques coups d'éclat, comme lors du premier tour de la Fed Cup, où elle a remis la France, sur les rails, en Italie, au premier tour cette année, ou l'an dernier, à Roland-Garros, où elle avait déjà signé un exploit au premier tour, contre la Chinoise Na Li. Il est d'ailleurs étonnant de noter que Mladenovic a battu ses quatre joueuses du Top 10 à Paris : Bouchard et Na Li à Roland-Garros, Kvitova et Halep à l'Open Gaz de France, à Coubertin.
"Plus difficile de jouer en France." "Je n'étais même pas trop au courant de cette statistique !", s'est-elle étonnée mardi après son succès contre Bouchard. "J'ai souvenir d'avoir fait de bons matches contre de bonnes joueuses aussi ailleurs. Pour être sincère avec vous, je trouve pourtant ça plus difficile de jouer en France. Il y a beaucoup d'attentes, plus qu'ailleurs." Sa coéquipière en Fed Cup, Caroline Garcia, tête de série n°31, sortie par la modeste Croate Donna Vekic, 165e mondiale, dès le premier tour, a montré que la gestion de la pression restait une difficulté pour les Français(es).
S'inviter en deuxième semaine et voir si... Si Mladenovic ne sait peut-être pas encore s'appuyer sur le soutien d'un grand court, comme sait le faire un Monfils par exemple, cette fille de sportifs pourra compter sur son clan, jeudi, sur le central. Son père, ancien handballeur professionnel, gère son entraînement physique. Sa mère a été volleyeuse professionnelle et son frère, Luka, qui l'accompagne régulièrement, joue au foot. Jeudi, lors de son entraînement matinal, qu'elle a effectué aux côtés de sa future adversaire sur le central et avec le joueur français Jérôme Haehnel comme sparring-partner, Mladenovic a paru détendue et bien en jambes.
Il lui faudra conserver cette décontraction si elle veut faire son chemin dans une partie de tableau relativement dégagée et espérer, pourquoi pas, s'inviter en deuxième semaine, ce qu'elle a encore jamais réalisé en Grand Chelem. Sa meilleure performance reste un troisième tour, à l'US Open en 2012, et à Roland-Garros, l'an dernier. Il est donc un peu prématuré de voir en elle une possible successeuse à Mary Pierce, dernière Française vainqueur porte d'Auteuil, en 2000. Et ce, même si la longue chevelure blonde et la puissance des coups de "Kiki" nous rappellent inévitablement "Mary"…