"C'est un joueur appelé à gagner ce tournoi un jour". Dominic Thiem ne pouvait rêver meilleur adoubeur que Rafael Nadal, qu'il affrontera vendredi pour une place en finale, dans son propre royaume de Roland-Garros. "Espérons que ce ne sera pas cette année", s'est empressé de rajouter le Majorquin en conférence de presse, non sans se méfier du jeune Autrichien, N°7 mondial et tombeur de Novak Djokovic en quarts.
Difficile de parler de finale avant la lettre quand on sait que l'autre affiche du dernier carré opposera Stanislas Wawrinka, vainqueur en 2015, à Andy Murray, N°1 mondial et finaliste sortant, mais quand même : pour Nadal, cette demi-finale sera la première heure de vérité.
Nadal se balade à Paris. Car jusqu'ici, la route de l'Espagnol, en quête d'un dixième titre sur la terre battue parisienne, a plus eu l'air d'une promenade que d'un chemin de croix. En cinq matches, il n'a perdu que 22 jeux (soit environ quatre par match !) et n'a passé que 7h53 sur les courts. La faute, il est vrai, à un quart de finale marqué par l'abandon de son compatriote Pablo Carreno, après 51 minutes de jeu. Une économie d'énergie qui pourrait d'ailleurs s'avérer déterminante avant d'affronter le seul joueur qui l'a battu cette saison sur terre battue, il y a trois semaines à Rome.
Thiem sait battre "Rafa". Certes, sur la terre battue italienne, en quarts de finale, Nadal venait d'enchaîner (et de gagner) les tournois de Monte-Carlo, Barcelone et Madrid, les deux derniers, d'ailleurs, en battant l'Autrichien en finale. Mais par le passé, ce joueur lui avait déjà causé des tracas, comme en 2016, à Buenos Aires, où le natif de Wiener Neustadt, à 50 km de Vienne, l'avait même battu au bout d'un combat acharné (6-4, 4-6, 7-6 (7/4).
L'Autrichien éclabousse de son talent. Le potentiel de Dominic Thiem, son revers à une main et son coup droit surpuissant, avaient déjà sauté aux yeux de tous les amateurs de tennis, qui avaient noté, entre autres, sa présence en demie-finales de Roland-Garros l'an dernier. Reste que le jeune homme de 23 ans a littéralement époustouflé mercredi, en pulvérisant Novak Djokovic en trois sets secs (7-6, 6-3, 6-0). Le Serbe, tenant du titre ici à Paris, n'avait pas perdu en trois sets dans un tournoi majeur depuis quatre ans, et n'avait pas encaissé un 6-0 en Grand Chelem depuis 2005.
Ça risque de taper fort. "Il tape très fort, il avance beaucoup dans la balle. Il est puissant en général, au service et en revers aussi. Il faudra que je joue long pour le mettre dans une position inconfortable", a prévenu Rafael Nadal. En conférence de presse, l'Autrichien a évidemment loué les qualités de son aîné de huit ans. "Rafa, c'est peut-être le meilleur coup droit du tennis, on ne peut pas toujours l'éviter. C'est comme ça. Je pense que je concéderai certainement des points sur ce coup", a-t-il averti. Reste à savoir combien.