Mais pourquoi diable les ramasseurs de balle du tournoi de Roland-Garros portent-ils cette année une tenue noire ? Cette question, formulée avec plus ou moins de véhémence que l'on apprécie ou non le style, beaucoup de spectateurs se la posent porte d'Auteuil.
La réponse tient en un nom : Yohji Yamamoto. Le fameux styliste japonais est à l'origine de la collection portée par les ramasseurs via sa marque Y-3, qui appartient au géant allemand Adidas, partenaire de la Fédération française de tennis (FFT), organisatrice du tournoi.
"Y-3 donne un avant-goût de ce que sera l'avenir du sport et de la mode", n'hésite pas à expliquer dans un communiqué Dirk Schönberger, directeur créatif international d'Adidas. "C'est une superbe opportunité de pouvoir allier le style emblématique de Yohji Yamamoto, expert en matière de mode, au langage moderne du sport." Sollicitée par nos soins, la communication d'Adidas n'a pas souhaité s'étendre plus avant sur le choix de cette collection. C'est que les chaussettes hautes des ramasseuses de balle, à mi-chemin entre le roller derby et le style kawai, font causer...
"Un choix assumé." La FFT, organisatrice du tournoi et à ce titre partenaire de l'équipementier, évoque un "choix assumé" concernant la gamme Adidas/Y-3. "C'est un choix assumé et cohérent. On a l'exposition au musée de Roland-Garros, au BHV-Marais, on a beaucoup de choses autour de la mode cette année, donc ça colle assez bien", nous assure-t-on à la FFT. "Après, la mode, c'est une question de j'aime/j'aime pas. Ces tenues ne sont pas classiques, alors forcément, qui dit originalité dit interrogation. Mais Yohji Yamamoto, la mode, les deux ensemble, ça nous va bien."
Le noir est partout cette année à Roland-Garros. Car les ramasseurs de balles ne sont pas seuls. Les hôtesses d'accueil, dont la veste se marie (plus ou moins bien) à un ensemble fleuri, mais également plusieurs joueurs, à commencer par Jo-Wilfried Tsonga, tête d'affiche de la marque allemande, sont également vêtus de noir. "C'est vraiment génial de pouvoir porter des tenues de tennis qui combinent l'identité mode de Y-3 et la technologie d'Adidas performance", assure "Jo" dans le communiqué dans la marque. Evidemment, et la FFT nous le rappelle, les deux partenaires ont pensé (et anticipé) les critiques liées aux stéréotypes sur la couleur noire : le côté mortifère et, plus encore, l'absorption de la chaleur.
Alors Adidas a paré à la chose, en précisant que les modèles, "conçus pour l'été", "s'appuient sur la technologie Coolmax, pour plus de respirabilité et de confort" et en ajoutant que les "empiècements à deux couches mesh assurent un niveau de respirabilité supérieur". "Respirabilité", plutôt deux fois qu'une, donc. Et les principaux intéressés, qu'en pensent-il ? Motus et bouches cousues chez les ramasseurs, "qui ne sont pas là pour commenter leur tenue, mais pour la porter", nous précise-t-on.
"Je survivrai au noir." Gilles Simon, qui porte comme Tsonga une tenue Adidas/Y-3 sur ce Roland-Garros, avoue avec le sourire qu'il "survivra" au noir. "C'est vrai que je n'ai pas forcément l'habitude de jouer en noir, mais ça m'est déjà arrivé", a précisé le n°1 français, vainqueur mercredi de son deuxième tour face au Slovène Martin Klizan. "J'étais passé sur autre chose ces derniers temps. Ça faisait un moment que je n'avais pas joué avec une tenue comme ça mais il y a beaucoup de changements sur ce Roland, et pour l'instant, tout se passe bien pour moi, je m'habitue bien à cette tenue."