Un troisième set perdu au jeu décisif contre Tomas Berdych, 4e joueur mondial, en huitièmes de finale. Deux manches concédées de rang face à Kei Nishikori (n°5) après une interruption de plus d'une demi-heure en quarts de finale. Ces deux contre-temps, Jo-Wilfried Tsonga les a gérés avec calme et une certaine assurance, remportant les sets suivants à chaque fois sur le score de 6-3. Et voilà "Jo" en demi-finales porte d'Auteuil pour la deuxième fois de sa carrière : il affrontera vendredi, à partir de 13h00, le Suisse Stan Wawrinka. Ce Roland-Garros 2015 marquerait-il l'émergence d'un "Jo" nouveau ?
"Jo" les yeux fermés. "Ce travail, ça fait un petit moment qu'on est dessus avec Thierry (Ascione) et tout le staff, on essaie d'arriver à gérer ses émotions sur le terrain et arriver à être beaucoup plus stable", explique son entraîneur, Nicolas Escudé, au micro d'Europe 1. "Et c'est vrai que, depuis le début de cette quinzaine, c'est assez remarquable." Alors qu'on avait l'habitude de voir le Manceau râler et s'en prendre à la terre entière à chaque point manqué, il est apparu beaucoup plus serein lors de ces derniers matches. On l'a vu, aussi, fermer les yeux au moment des changements de côté.
"En tennis, on apprend à bien gérer les moments 'on' et 'off' parce qu'il y a du temps entre deux échanges et qu'il y a les changements de côté tous les deux jeux", insiste sur Europe 1 Makis Chamalidis, psychologue du sport, qui travaille avec la Fédération française de tennis (FFT). "On a vu chez 'Jo' à quel point il puise de l'énergie, il se ressource en fermant les yeux sur sa chaise, en pensant à des choses précises. Lors d'un match de tennis, il s'agit également de bien gérer son stock d'énergie."
"Un travail qui nous prend beaucoup de temps." L'autre entraîneur de Tsonga, Thierry Ascione, confirme que "Jo-Wil" a travaillé sur la gestion de ce fameux "stock d'énergie". "Il y a des joueurs avec qui on travaille le coup droit, le service. Avec Jo, on n'en a pas besoin", analyse l'ancien joueur tricolore pour Europe 1. "Donc, on travaille plutôt son attitude, sa détermination et le fait qu'il se rende compte que ses coups forts sont très, très, très forts et qu'il faut qu'il ait confiance en lui." Interrogé sur le détail de ce travail, Thierry Ascione a refusé d'en dire plus. Secret défense ? "Non, c'est juste un travail qu'on prend beaucoup de temps à mettre en place et donc, voilà… Mais si lui veut le dire, il le dira."
Un "Roland, je t'aime" riche de sens. Après son succès face à Nishikori, Tsonga a préféré parler de "prise de recul", notamment par rapport à sa blessure en finale de la Coupe Davis. "Depuis les derniers épisodes, je prends énormément de recul", a insisté Tsonga. "J'essaie tout simplement de ne pas faire attention à tout ça. Tout ce que je fais finalement, c'est pour moi." Pas tout à fait, considère pourtant Makis Chamalidis. "On a vu (contre Nishikori) à quel point il avait préparé la suite parce qu'il s'est servi du public, il a en quelque sorte préparé le "terrain" avec son "Roland, je t'aime". Il crée une histoire et le public n'attend qu'une chose, c'est que le joueur leur donne quelque chose, qu'il soit généreux, et qu'il n'attend pas que tout vienne du public."
"J'aime son côté gagneur, c'est un battant." Cet amour renaissant entre Tsonga et le public français - n'oublions pas l'épisode des sifflets au stade Pierre-Mauroy, en Coupe Davis, où sa communication sur sa blessure au bras droit avait été particulièrement malheureuse puis l'incompréhension qui avait accompagné sa participation à un tournoi exhibition quelques jours plus tard -, on a pu le mesurer jeudi matin autour du court n°10, où Tsonga a procédé à son entraînement. Affable, volontiers blagueur - "vous voulez venir essayer ?", a-t-il demandé avec le sourire à un spectateur qui venait de commenter son raté à la volée -, le Manceau semble avoir retrouvé en quelques matches une belle cote d'amour. Et sa nouvelle maturité sur le court y est pour quelque chose.
"J'aime son côté gagneur, c'est un battant. Et on a pu le voir lors de ses derniers matches", commente ainsi Jean-Louis, venu de la Marne. "Il est simple, il a tout le temps le sourire", insiste de concert les Toulousains Nadège et Anthony. "Ça a toujours été un gars qui a été correct avec le public. Il aime les grands événements et à ce niveau-là, je trouve qu'il n'a pas trop changé", considère pour sa part Maxime, professeur d'EPS. "Il y a eu de petites évolutions malgré tout. Et je pense qu'à ce niveau-là, ça se joue à des détails." Des détails qui peuvent peut-être vous permettre d'accéder à la finale d'un Grand Chelem…
Europe 1 vous faire vivre la demi-finale entre Jo-Wilfried Tsonga et Stanislas Wawrinka vendredi après-midi :
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