Alors que les organisateurs de Roland-Garros célèbrent les 40 ans de la victoire de Yannick Noah, à ce jour le dernier Français à avoir remporté un Grand Chelem chez les messieurs, les interrogations perdurent sur le tennis tricolore. Cette année encore, aucun Français n'a dépassé le deuxième tour. Le consultant d'Europe 1 Cédric Pioline livre son analyse.
L'édition 2023 de Roland-Garros ressemble malheureusement aux précédentes du côté des Français : dans les tableaux de simple, aucun représentant tricolore, que ce soit chez les messieurs ou chez les dames, n'a réussi à se hisser au troisième tour des Internationaux de France. Le dernier Tricolore en lice, Arthur Rinderknech, n'a pas résisté à l'Américain Taylor Fritz , tête de série 9 et potentiel outsider.
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Une nouvelle contre-performance pour le tennis hexagonal, alors que les organisateurs célèbrent les 40 ans de la victoire de Yannick Noah, à ce jour le dernier Français à avoir remporté un Grand Chelem chez les messieurs.
Des joueurs français "se sont approchés" du titre
Comment expliquer ce bilan famélique à Roland-Garros depuis aussi longtemps ? Pour Cédric Pioline, ex-numéro 5 mondial et consultant d'Europe 1, radio officielle du tournoi , il s'agit avant tout d'"une question très profonde" à laquelle il est difficile d'apporter une seule réponse. "Il y a eu différents joueurs depuis 40 ans qui se sont approchés. Il y a eu un finaliste, Henri Leconte (en 1988), un certain nombre de demi-finalistes dont je fais partie (en 1998)", rappelle celui qui est parvenu deux fois en finale de Grand Chelem, à l'US Open en 1993 et à Wimbledon en 1997.
Cédric Pioline l'atteste : gagner un Majeur, et spécialement Roland-Garros, "est quelque chose de très, très difficile. Le club (des vainqueurs) est très restreint, donc il n'y a pas d'explication rationnelle, ni de solution miracle", convient-il auprès d'Europe 1. D'après l'ancien champion, remporter un Grand Chelem résulte "d'une construction sur le moyen-long terme, d'arriver à avoir ce niveau pour un jour, pouvoir prétendre à soulever une coupe et notamment la Coupe des Mousquetaires", le nom du trophée remis au vainqueur du simple messieurs porte d'Auteuil.
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"Il n'y a pas de recette miracle"
La formation des jeunes joueurs par la Fédération française de tennis est-elle alors responsable de cet échec ? Pas vraiment, répond Cédric Pioline. "La fédération fait un travail de fond formidable avec des infrastructures pour essayer de former. C'est vrai qu'on est dans le creux de la vague, avec une génération qui s'est arrêtée pour partie (Tsonga, Simon) et qui joue ses dernières saisons (Monfils, Gasquet). Il y a un petit creux, donc ça nous fait bizarre en France", souligne l'actuel directeur du tournoi de Paris-Bercy, rappelant que l'on était habitué à avoir au moins un représentant dans le top 10 mondial. Ugo Humbert, le premier joueur français, est actuellement classé… 40e à l'ATP.
"Ça prend du temps" pour former des futurs champions, insiste Cédric Pioline. "Allez savoir quel est le joueur qui a le petit truc supplémentaire qui fait qu'il aura la capacité de gagner un Grand Chelem. Il n'y a pas de recette miracle", analyse le double finaliste en Majeur, qui évoque l'exemple de la Suisse : "On peut se dire que Roger Federer vient d'un petit pays, et il est dans les trois joueurs qui ont le palmarès le plus impressionnant de tous les temps dans l'Histoire du jeu. Ce n'est forcément lié qu'à ça (la formation)". Seule certitude pour Cédric Pioline, "il faut travailler énormément, il faut avoir faim énormément, et peut-être avoir un petit peu de réussite". Reste à savoir si la nouvelle génération aura ce "petit truc supplémentaire" et la "réussite" qu'a eu Yannick Noah en 1983.