Roland-Garros : qui pour battre Rafael Nadal ?

Rafael Nadal a remporté onze Roland-Garros © Christophe ARCHAMBAULT / AFP
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Antoine Terrel , modifié à

Double tenant du titre et onze fois vainqueur du tournoi parisien, Rafael Nadal est encore cette année le grand favori de Roland-Garros. Mais Novak Djokovic ou encore Dominic Thiem restent en embuscade si l'Espagnol venait à flancher. 

Rafael Nadal s'est rassuré au meilleur moment. Après une saison sur terre battue marquée par une série d'échecs, avec trois éliminations consécutives en demi-finales, le champion espagnol s’est imposé au Masters 1000 de Rome face à Novak Djokovic et rappelé à la planète tennis qu’il restait évidemment candidat au titre à Roland-Garros, qui démarre dimanche. Reste que la hiérarchie sur l'ocre n’a jamais été aussi incertaine, avec cinq vainqueurs différents lors des cinq principaux tournois sur terre battue avant le Grand Chelem parisien…Une première depuis 15 ans, comme le rappelle Eurosport. Entre un Dominic Thiem qui continue sa progression, et un Novak Djokovic numéro 1 mondial et vainqueur des trois derniers tournois Majeurs, Nadal peut-il être battu chez lui ? Europe 1 fait le tour des principaux favoris.

Pour Djokovic, Nadal est "le favori n°1"

De l’aveu même de Novak Djokovic, Rafael Nadal reste "le favori numéro 1 à Paris". Difficile d’affirmer le contraire au regard du palmarès du plus grand joueur de terre battue de l'histoire, double tenant du titre et vainqueur onze fois du tournoi. Le natif de Manacor, dans les Baléares, a pourtant inquiété les observateurs cette année, avec des défaites "précoces" en demi-finales de Monte-Carlo, Barcelone et Madrid. Mais il a rassuré sur son niveau de jeu et ses moyens physiques à Rome, avec une victoire en finale contre son éternel rival Novak Djokovic (6-0, 4-6, 6-1). "La méforme de Nadal, c'est un truc de médias", tranche Cédric Pioline, consultant pour Europe 1, selon qui "Rafa" reste "l'ultra favori".

Bien que moins souverain que les années passées, Nadal, battu seulement deux fois en quatorze participations sur les courts de la Porte d’Auteuil, reste quasiment imbattable sur des matches en trois sets sur terre battue.

Djokovic, plus qu’un premier outsider

À l’instar de son rival espagnol, le Serbe a connu une période post-Open d’Australie compliquée, remportant seulement à Madrid, le 12 mai dernier, son deuxième trophée de la saison après son sacre à Melbourne en janvier. Ne concédant pas le moindre set, l’homme aux quinze tournois du Grand Chelem y a notamment battu Dominic Thiem et Stefanos Tsitsipas, avant de confirmer sa bonne passe actuelle avec une finale à Rome, échouant seulement face à Nadal. 

"Nadal-Djokovic est une potentielle finale à Paris", estime Cédric Pioline, qui relativise la défaite face à Nadal, et notamment ce douloureux 6-0 concédé au premier set. "En finale, il était vidé après ces deux semaines victorieuses, il n’était pas à 100%".

© FILIPPO MONTEFORTE / AFP

Numéro 1 mondial, Djokovic peut faire valoir un ascendant certain en Grand Chelem sur son rival, qu'il a battu lors de leurs deux derniers affrontements en demi-finale de Wimbledon 2018 et en finale de l'Open d’Australie 2019. Mais, comme le rappelle Cédric Pioline, "les trois dernières fois où ils se sont joués sur terre, c'est Nadal qui l’a emporté".

Tsitsipas et Thiem sont candidats

Derrière les deux légendes, les jeunes loups Dominic Thiem et Stefanos Tsitsipas semblent être les mieux armés pour venir jouer les trouble-fêtes. Depuis quatre ans, Dominic Thiem s’est imposé comme l’un des meilleurs joueurs du monde sur terre battue, ainsi que l’un des plus réguliers, avec deux demi-finales à Roland-Garros, puis une finale lors de la dernière édition. Si l’an dernier, l'Autrichien de 25 ans avait été sèchement battu par Nadal en trois sets, il a facilement dominé l’Espagnol cette saison à Barcelone, avant de remporter le tournoi. Demi-finaliste dans la foulée à Madrid avec des victoires probantes contre Fabio Fognini et Roger Federer, il a connu une fin de préparation difficile, avec une défaite au premier tour contre le vétéran Verdasco à Rome. "Il a énormément progressé depuis un an, il est allé gagner son premier Masters 1000 à Indian Wells. Il accumule de la confiance, de la maturité", note de son côté Cédric Pioline. "Dans un grand jour, il peut créer l'exploit."

© JAVIER SORIANO / AFP

Le consultant d'Europe 1 se montre en revanche plus réservé sur les chances du jeune Grec Tsitsipas. Auteur d'une progression fulgurante depuis plus d'un an, passant en treize mois de la 73e à la 6e place mondiale, il a lui aussi a réussi une très bonne préparation sur terre battue, avec une finale à Madrid. Mais à seulement 20 ans, le prodige pourrait pâtir de son manque d’expérience, n’ayant jamais franchi le deuxième tour à Paris en deux participations. Cédric Pioline craint lui surtout que le protégé de Patrick Mouratoglou paye son début de saison canon. "Il a l'avantage de ses 20 ans, mais il risque de manquer de fraîcheur pour fournir les efforts nécessaires sur terre battue." 

Federer, simple attraction ? 

Il devrait être, à n’en pas douter, l’une des principales attractions de la quinzaine. Après quatre ans d’absence, Roger Federer, 37 ans, fait son grand retour à Roland-Garros, pour ce qui pourrait y être sa dernière apparition. Malheureusement pour ses fans, compte tenu de son âge et de la terre battue qui n'a jamais été sa surface de prédilection, il devrait avoir du mal à se mêler aux favoris. Depuis dix ans, "Fed" n’a remporté que deux titres sur cette surface (le dernier en 2015). Après une défaite en quarts à Madrid et un forfait au même stade de la compétition à Rome, le Suisse s'est d'ailleurs montré prudent sur ses chances dans le tournoi. "Je serai content si je gagne quelques matches et si je peux peut-être passer la première semaine", a-t-il indiqué dans Stade 2

"Il est certain qu'il est dans le groupe des favoris", nuance pourtant Cédric Pioline, rappelant le palmarès et l'expérience unique du recordman de victoires en Grand Chelem (20). Mais reconnaît-il, son parcours, à 37 ans, dépendra "de sa capacité à récupérer d'un match sur l'autre". Sur ses tournois de préparation, "il a montré qu'il voulait disputer un tennis offensif, presque comme sur dur", ajoute-t-il, "mais il faut beaucoup de fraîcheur et de concentration pour développer un tel jeu sur terre". 

Les possibles surprises

Excellent joueur de terre battue, Fabio Fognini a remporté le plus beau titre de sa carrière cette année au Master 1000 de Monte-Carlo, en battant au passage Rafael Nadal, triple tenant du titre. Mais le fantasque Italien, à l'irrégularité chronique, n’a pas confirmé lors des tournois suivants, où il a échoué à chaque fois au 1er tour. L'Allemand Alexander Zverev, 5e mondial, sera également à surveiller, mais il n'a plus dépassé les 8es de finale en tournoi majeur depuis un an. 

Plus que ces deux joueurs, Cédric Pioline voit Juan Martin Del Potro se mêler à la lutte pour le titre. L'Argentin à la carrière entachée par les blessures à répétition, mais qui demeure un des chouchous du public, a pour lui l'expérience d'une victoire en Grand Chelem (US Open 2009), et a déjà atteint à deux reprises le dernier carré de Roland-Garros, en 2009 et 2018. "Il revient de blessure, mais il a montré un excellent niveau à Madrid et à Rome. Il tape très bien la balle", fait valoir notre consultant. Et d'ajouter : "Il manque un peu de matches, mais au moins, il aura de la fraîcheur".