Les organisateurs de Roland-Garros avaient décidé pour la première fois cette année de faire des billets séparés pour les demi-finales. Les spectateurs qui avaient opté pour la première (et notamment ceux qui sont arrivés à l'heure), programmée à 12h45, ne le regretteront sûrement pas. Car cette demi-finale entre le n°1 mondial, Andy Murray, et le n°3, Stan Wawrinka, a donné lieu à un affrontement titanesque. Cinq sets (6-7(6), 6-3, 5-7, 7-6(3), 6-1), 4h34' de jeu et au bout, la revanche du Suisse, qui avait été battu en quatre manches par l'Écossais l'an dernier, au même stade de la compétition.
Un match attaque-défense. Le premier set a donné le ton. À l'agressivité de Wawrinka, Murray répondait par un jeu de défense tout bonnement incroyable. Plus régulier, l'Écossais remportait la mise à l'issue d'un jeu décisif acharné et après avoir sauvé une balle de set (7-6(6)). Il connut ensuite un énorme trou d'air à 3-2 dans le deuxième set. Il perdit la deuxième manche (6-3), laissa filer sept jeux de suite, Wawrinka en profitant pour prendre les commandes du match. Mais alors que l'on pensait le sort de la partie en train de basculer, Murray refit son retard et empocha un troisième set farfelu, au cours duquel on dénombra pas moins de cinq breaks (7-5). On en était alors à plus de trois heures, déjà. Mais le meilleur restait à venir. Le quatrième set, durant lequel les deux joueurs ont tenu leur service respectif jusqu'à un nouveau jeu décisif, a atteint des sommets.
Une quatrième manche de feu. Porté par un public presque tout entier acquis à sa cause, Wawrinka multiplia les coups d'attaque ciselés (revers long de ligne, amortie de fond de court, parpaings en coup droit…), quand son adversaire réussit, lui, plusieurs défenses improbables, avec des courses échevelées et quelques smashes ramenés de nulle part. Plus avare en fautes directes, "Stan the man", au physique impeccable, remporta le jeu décisif de fort belle façon. Et le match dans la foulée. Car à force de courir partout, Murray, que l'on peut aisément qualifier de meilleur défenseur du monde, finit par ne plus avoir d'essence dans le moteur, son orgueil de champion l'empêchant juste de concéder un 6-0 dans la dernière manche.
De retour en finale deux ans après. Wawrinka, vainqueur sur un ultime break (il en a réussi neuf dans le match !), pouvait savourer cette qualification pour la finale, sa deuxième en trois éditions. Et avant de se projeter vers cet ultime rendez-vous, "Stanimal", vainqueur de Novak Djokovic en 2015, a confié qu'il allait prendre le temps de "profiter". Personne ne lui en voudra car pendant plus de quatre heures vendredi après-midi, c'est nous qui avons bien profité…