Les connaisseurs de Twickenham s'en régalent d'avance : le duel de costauds entre les premiers centres Manu Tuilagi et Mathieu Bastareaud s'annonce comme l'une des clés d'Angleterre-France, dimanche pour la 2e journée du Tournoi des six nations. Mais il y en aura d'autres.
Les poètes maudits
Entre Tuilagi (27 ans, 28 sélections), resté éloigné du XV de la Rose pendant quasiment cinq ans, et Bastareaud (30 ans, 50 sélections), qui a subi le même sort sous le sélectionneur Guy Novès (2016-2017) et encore la semaine précédente pour le premier match perdu face aux Gallois (24-19), il y a de la revanche dans l'air. Ou flotte aussi comme un parfum de mercurochrome, entre des premiers centres bien connus pour leur capacité de destruction offensive et utilisés dans un rôle similaire de point de fixation. Tuilagi, "c'est un peu le même profil que Mathieu, ce sont des mecs capables d'avancer", dit d'eux le deuxième centre français Geoffrey Doumayrou. "A nous de pas se concentrer à 3-4 mecs sur lui."
Les trois-quarts français ne devraient pas non plus manquer d'occupation avec Henry Slade, qui a assommé les Irlandais en fin de rencontre (32-20) avec son jeu tout en variété. "Slade est vraiment formé en 10 à la base et maintenant, il joue centre parce qu'il a des qualités de vitesse et défend bien", retrace Doumayrou. "A nous de le surveiller car offensivement, il sait tout faire."
Alignée majoritairement en 2018 (6 matches sur 11) en partie pour sa rigueur défensive, la paire Bastareaud-Doumayrou, préférée à une alternative plus alléchante offensivement (Romain Ntamack et Gaël Fickou), est attendue au tournant.
Huget face à la meute
L'ouvreur anglais Owen Farrell maîtrise le jeu au pied à la perfection, et est sorti grand vainqueur de la bataille aérienne de Dublin. "Ça a mis une pression incroyable et ce pendant 80 minutes, ça ne relâchait jamais, tu avais l'impression d'avoir un mec qui tapait dans le ballon et 15 chiens qui couraient vers le ballon et qui traquaient", a métaphorisé son vis-à-vis français Camille Lopez.
Le danger viendra aussi de Slade, "qui joue un peu comme un 2e ouvreur avec un pied gauche", rappelle Doumayrou, et concernera avant tout un triangle arrière français où aucun des trois joueurs (Gaël Fickou, Damian Penaud et Yoann Huget) n'évoluera à son poste de formation. "Ils ont énormément joué au pied, dans le dos des ailiers (irlandais), ont fait bouger l'arrière et feront la même chose contre nous", promet Doumayrou.
Avec la pluie annoncée, Huget sera arrosé à double titre, c'est une certitude. "Je ne suis pas du tout inquiet pour Yoann", a rassuré Brunel. "Il faut leur donner le moins possible d'opportunités de venir dans notre camp, jouer le plus chez eux", demande Fickou, rappelant les erreurs françaises face aux Gallois qui "n'ont pas produit de jeu pour mettre deux essais".
Bamba - Vunipola, comme un doute
Le pack français sera-t-il à la hauteur de la puissance anglaise ? Son manque d'expérience internationale peut faire redouter le pire, que ce soit en troisième ligne (7 sélections pour Arthur Iturria), en deuxième (3 pour Félix Lambey, 1re titularisation) ou en première ligne, où le jeune Demba Bamba (20 ans, 2 sél.) honorera également sa première titularisation au poste de pilier droit.
Le Briviste aura "un gros adversaire en face", reconnaît son ami Dany Priso, pilier gauche remplaçant. En effet, le pilier gauche anglais Mako Vunipola (1,80 m, 121 kg) a signé un retour fracassant contre l'Irlande, avec un abattage défensif impressionnant (27 plaquages). "Un joueur comme un autre", a balayé l'ambitieux Bamba: "Je veux affronter tous les meilleurs pour montrer que je suis à ce niveau-là aussi". Gare à ce que l'apprentissage ne se transforme pas en leçon.