Sécurité des JO-2024 : des parlementaires dénoncent des mesures «typiques d'un état d'urgence»

Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, a présenté ce mercredi les contours du dispositif de sécurité en vue des JO de Paris-2024. © XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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avec AFP / Crédit photo : XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP

Plusieurs parlementaires sont montés au créneau mercredi pour s'inquiéter des mesures de sécurité des Jeux olympiques 2024 de Paris dévoilées par Laurent Nuñez, préfet de police. Certains dénoncent des mesures prises "sans aucune consultation préalable", quand d'autres évoquent un dispositif "sidérant".

Plusieurs parlementaires sont montés au créneau mercredi pour s'inquiéter des mesures de sécurité des Jeux olympiques 2024 de Paris dévoilées dans la presse par le préfet de police Laurent Nuñez , dénonçant des dispositions "attentatoires aux libertés", "typiques d'un état d'urgence". "Ces dispositions sont typiques d'un état d'urgence. Mettre en place de telles mesures dans une situation qui a vocation à être heureuse (...) est extrêmement curieux", a réagi le sénateur centriste Philippe Bonnecarrère, interpellant le gouvernement dans l'hémicycle en ouverture de la séance publique de mercredi.

Dans le quotidien Le Parisien , Laurent Nuñez a détaillé plusieurs mesures de sécurisation de quatre périmètres proches des compétitions lors des JO de l'été 2024 dans la capitale, assortis de degrés divers de restrictions notamment pour la circulation . Il évoque, par exemple, la nécessité de s'enregistrer sur une plateforme numérique en fournissant des justificatifs de déplacement, avec un QR code à présenter lors des contrôles, ou encore la nécessité de déclarer ses invités qui viendraient regarder la cérémonie d'ouverture depuis les fenêtres des appartements parisiens concernés.

Des mesures "attentatoires aux libertés" 

La sénatrice centriste Nathalie Goulet a épinglé des annonces prises "sans aucune consultation préalable" sur des dispositions "attentatoires aux libertés". "Le QR code exige à tout le moins une collecte de données et leur stockage. J'espère que le ministre pourra s'en expliquer". Interrogé par des journalistes après une conférence de presse mercredi consacrée aux périmètres de sécurité des JO 2024, Laurent Nuñez s'est justifié sur ce dispositif en indiquant qu'il était "permis par la loi par un acte règlementaire pris par le ministre de l'Intérieur".

 

Ce peut être "soit un arrêté, soit un décret (...) après avis de la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés, NDLR). Évidemment que le dispositif que je vais proposer et qui va être soumis à la consultation va s'inscrire dans ce cadre juridique", a poursuivi le préfet. Selon Laurent Nuñez, la plateforme numérique d'enregistrement est un "outil performant", mieux adapté "que de faire ces contrôles aux barrages de police". "Sinon, la vérité, c'est qu'on ne les fera pas (...), la règle sera l'interdiction. C'est beaucoup plus facile pour les forces de l'ordre de bloquer un périmètre que de contrôler chaque véhicule".

"Les JO ont un bon goût liberticide"

Le sénateur Loïc Hervé a indiqué avoir saisi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et la Cnil, garante des données personnelles des Français. "C'est juste sidérant. C'est encore pire que ce qu'on pouvait craindre. Je n'ai pas connaissance de telles restrictions et contrôles de déplacement lors des précédentes éditions de JO", a pour sa part réagi sur le site X (ex-Twitter) le député Insoumis Eric Coquerel . "Les JO ont un bon goût liberticide", a ajouté son collègue Damien Maudet.

"Nous sommes dirigés par des fous qui confinent les citoyens sur demande. Revenons à la raison !", a tonné le député Debout la France Nicolas Dupont-Aignan . Le Sénat doit auditionner Laurent Nuñez jeudi en fin d'après-midi, dans le cadre d'une mission de suivi de l'application de la loi sur la sécurité des JO, adoptée mi-avril au Parlement. "On voudrait avoir de la visibilité sur l'ensemble des mesures", a réagi auprès de l'AFP la corapporteuse de la mission Agnès Canayer, qui siège au groupe Les Républicains.