La semaine s'annonce cruciale pour la Fifa et pour son président démissionnaire Joseph Blatter. Alors que l'instance internationale du football élira son nouveau président vendredi, le Suisse attend de savoir si sa suspension de huit ans pour "conflit d'intérêt" et "gestion déloyale" sera levée en appel. Dans les colonnes de L'Equipe, Sepp Blatter revient sur sa chute et évoque sa relation avec Michel Platini.
- Sur l'implosion de la Fifa
Le 27 mai 2015, plusieurs hauts dirigeants de la Fifa sont arrêtés par la police suisse et le FBI, deux jours avant un congrès électif. "Ce jour-là, je me suis dit : 'Même le Bon Dieu m’a abandonné'", raconte-t-il. "Quand un truc comme ça vous tombe sur la tête... C’était terrible. J’ai eu le sentiment que tout s’écroulait. J’ai d’abord ressenti de la colère, puis de la tristesse. Ce jour-là a été la cassure dans ma vie, le jour que je voudrais oublier".
- Sur l’attribution au Qatar de la Coupe du monde 2022
Rattrapé par les affaires, Sepp Blatter a donc été contraint de démissionner en juin dernier, après 18 ans de présidence. Une chute précipitée, selon lui, par la victoire du Qatar en vue de l’organisation du Mondial 2022. "Si on avait voté comme prévu pour les Etats-Unis, il n’y aurait pas eu de raison que les Américains attaquent la Fifa, puisqu’ils auraient eu leur Coupe du monde" confie-t-il. "Et moi, j’aurais fini mes quatre dernières années de mandat tranquillement. Mais quand le Qatar a gagné, je me suis dit : 'les difficultés commencent'."
- Sur sa suspension
Sepp Blatter et Michel Platini, suspendus huit ans par la commission d'éthique de la Fifa, attendent toujours les résultats de leur appel. Les deux hommes sont tombés en raison du paiement controversé de 1,8 million d'euros, sans contrat écrit, du Suisse au Français en 2011 pour un travail de conseiller achevé en 2002. "J'ai décidé qu'on lui devait cet argent. C'est un fait divers, un fait comptable, rien à voir avec l'éthique. On en parle dans le monde entier, mais pour rien. Donc, je ne peux pas dire que je n'aurais pas dû le faire. La commission d'éthique a été complètement démesurée dans ses sanctions, ça ne tient pas la route", répète-t-il.
- Sur sa relation avec Platini
Au passage, Michel Platini en prend aussi pour son grade, même si Sepp Blatter estime lui avoir "ouvert la porte" par le passé. "Michel Platini était meilleur joueur que politicien", déclare-t-il. "Il a toujours été un enfant gâté, choyé par tout le monde. Il n'a jamais été dans la lutte". Puis d'ajouter : "Je ne sais toujours pas pourquoi il voulait absolument que je me retire des élections. Je lui ai demandé mais il ne m’a pas répondu. Il a dit à mon frère 'Dis-lui de ne pas y aller ou bien il finira en prison.’ Est-ce qu’il était au courant de ce qui allait se passer ensuite ? L’histoire le dira un jour." Sepp Blatter est en tout cas catégorique quant à une possible réconciliation. "Pour lui, maintenant, la porte est fermée."
- Sur l'élection de vendredi
Qui succédera au Suisse de 80 ans ? La réponse sera donnée vendredi, lors d'un congrès électif extraordinaire, qu'il attend avec impatience. "Finalement, je suis content qu'on arrive à cette date", confie-t-il. "J'en ai marre qu'on m'appelle 'le président suspendu'. Désormais, je serai l'ancien président. Bien sûr que j'aurais voulu être présent à l'élection vendredi. Mais je serai tranquillement à la maison".