Elles étaient 68 partantes. Elles n'ont été que 40 à franchir la ligne d'arrivée. Les marathoniennes qui couraient après l'or aux Mondiaux d'athlétisme de Doha, au Qatar, ont vécu l'enfer dans la nuit de vendredi à samedi. Malgré le choix d'organiser la course en nocturne, le mercure affichait plus de 30° au départ, pour plus de 40° ressentis, avec un taux d'humidité à plus de 70%.
Des athlètes en perdition, des malaises... Voilà ce que c’est de faire courir un marathon avec un ressenti supérieur à 30 degrés. 28 athlètes ont abandonné sur les 70 engagées, 2 n’ont pas pris le départ. #WorldAthleticsChamps#IAAFDoha2019#marathonpic.twitter.com/J4tzJ84ox2
— Elisa Lukawski (@Elisa_Lukawski) September 28, 2019
Des conditions extrêmes qui ont eu des conséquences extrêmes. Vingt-huit abandons ou arrêts sur décision médicale, un record pour un marathon rythmé par les images des fondeuses sur des brancards ou des fauteuils roulants, hagardes. La victoire, arrachée par la Kenyane Ruth Chepngetich, a été remportée au prix du chrono le plus lent de l'histoire des championnats du monde (2h32'43").
"On voit tous qu'il n'y a personne dans les tribunes"
La météo de fin du monde était au moins assortie à l'ambiance. Sur les côtés du parcours, les rangs étaient plus que clairsemés. À l'arrivée, il n'y avait guère de monde pour acclamer les survivantes. Et ce manque d'engouement ne s'est pas limité au marathon féminin, selon le décathlonien français Kevin Mayer, qui a donné une conférence de presse samedi. "On voit tous que c'est une catastrophe, qu'il n'y a personne dans les tribunes. La chaleur n'est pas du tout adaptée. C'est triste."
Le recordman du monde a laissé parler la tête. "Il faut se concentrer sur son épreuve et se faire une raison. Sinon, j'aurais boycotté ces Championnats pour montrer que je n'étais pas d'accord", a-t-il glissé. Une colère mêlée de résignation qui fait écho à celle de son compatriote, Yohann Diniz, qui s'apprête à prendre le départ du 50km marche samedi soir. "C'est un manque de respect", a-t-il martelé au micro d'Europe 1 vendredi. "On est pris pour des clowns. En arrivant, je me demande à quoi ça sert de m'être autant préparé pour servir de cobaye ou être dans les jeux du cirque."