Le chemin vers la rédemption est bien entamé. Face à la Suisse (0-0), dimanche soir, à Lille, Pogba a enfin fait parler de lui avec ses pieds plutôt qu'avec ce supposé bras d'honneur fait contre l'Albanie (2-0), mercredi, et qui était venu assombrir un peu plus son tournoi très laborieusement entamé face à la Roumanie (2-1).
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Vingt minutes presque parfaites. Combativité, talent, culot, la "Pioche" a fait un match comme on l'avait plus vu en faire en Bleu depuis un petit moment. Ses vingt premières minutes en particulier ont été de très haut niveau et il aurait pu mettre K.-O. les Suisses à lui tout seul, comme sur ce tir croisé dans la surface qui a obligé Yann Sommer à une parade (13e). Par deux fois, la transversale a surtout empêché le Juventino d'être récompensé de ses louables efforts. Il y a d'abord eu ce tir enveloppé du droit après un crochet sur Fabian Schär que le gardien a eu toutes les peines à repousser sur sa barre (12e). Il y a ensuite eu ce déboulé ponctué d'un missile du gauche qui a mystifié le gardien, sauvé par le haut de son montant (18e).
Il a manqué à Pogba ce brin de réussite qui aurait pu rendre sa soirée parfaite, comme il en a manqué à Dimitri Payet sur la fin. Mais le milieu de terrain de 23 ans, pour son retour dans l'équipe-type après son exil sur le banc des remplaçants pendant 45 minutes face aux Albanais, a enfin répondu aux attentes. Il a sans doute pu se délester d'un peu de l'énorme pression qu'il s'est mise lui-même avant cet Euro, clamant haut et fort dans le magazine So Footqu'il ambitionnait de "révolutionner le poste de milieu de terrain" et de "devenir une légende". Rien de moins. Alors que la France du foot ne lui en demande pas tant...
Un replacement salutaire. Replacé par Didier Deschamps à gauche du 4-3-3, sa position préférentielle à la Juventus, Pogba ne s'est pas illustré que par son envie de marquer. Ses efforts défensifs au côté d'un Yohan Cabaye, rayonnant au poste de sentinelle, ont été utiles et remarqués, à l'image de ce duel fini en saute-mouton sur le dos de Breel Embolo (37e) en guise de pressing dissuasif.
" J'ai joué au foot pour l'équipe de France, pour le maillot "
"Je n'ai aucune réponse à donner à personne". "Je n'ai aucune réponse à donner à personne", a déclaré Pogba sur beIN Sports. "J'ai joué au foot pour l'équipe de France, pour le maillot. J'ai envie de jouer pour l'équipe et de gagner pour l'équipe. Après, ça va parler en bien ou en mal. Dans tous les cas, ça va parler. Mais, moi, je ne veux pas répondre dans tous les cas, c'est rien ça."
Gri-gri, non non et puis oui oui. On est pourtant obligé de le dire, sa seconde période fut plus en dedans, conséquence de l'ajustement opéré à la pause par Vladimir Petkovic, le sélectionneur suisse qui a demandé à ses joueurs de le presser à plusieurs. La crainte était que Pogba n'abuse de gri-gri pour s'en défaire. Cela a failli coûter cher à la 48e minute, avec une perte de balle et un contre suisse annihilé par Yohan Cabaye. Mais cela a aussi failli payer lorsqu'il remporta un duel contre trois adversaires pour lancer Antoine Griezmann, qui, relayé par André-Pierre Gignac, a manqué de peu de tromper le gardien (57e).
C'est ici que tout commence. Néanmoins, soucieux de se rendre utile, Pogba a su rester juste et sobre par la suite, ayant certainement compris que le talent peut aussi s'exprimer par la simplicité. Pour ce qui est de réussir l'exploit, cela peut attendre. Si les Bleus vont au bout, il reste quatre matches à Pogba pour le réussir, maintenant qu'il est vraiment rentré dans la compétition...