Tremblement de terre à l'Open d'Australie. Le numéro 2 mondial Novak Djokovic a été battu dès le deuxième tour par l'Ouzbek Denis Istomin, modeste 117ème mondial et titulaire d'une wild card. Le choc est d'autant plus étourdissant que le Serbe n'avait plus connu d'élimination aussi précoce dans un tournoi du Grand Chelem depuis huit ans !
C'était en 2008 : six mois après son premier titre majeur à l'Open d'Australie, Novak Djokovic avait échoué au deuxième tour à Wimbledon. Alors 3ème au classement ATP, il avait été battu en trois sets secs par un Marat Safin au crépuscule de sa carrière (75ème à l'époque). Depuis, Novak Djokovic a disputé 20 finales de Grand Chelem et en a remporté 12. A 29 ans et au vu de son niveau de jeu global, le Serbe ne devrait pas avoir trop de mal à rebondir après son élimination à l'Open d'Australie. Mais il a goûté ce que d'autres grands champions avant lui ont eu à affronter : une défaite cuisante alors que tout leur souriait.
1986 - Le début de la fin pour Jimmy Connors
Quand il arrive à Wimbledon en 1986, Jimmy Connors a déjà 33 ans. Cela fait trois ans qu'il n'a pas remporté de Grand Chelem mais le légendaire américain est toujours en grande forme. Troisième mondial, il a disputé les demi-finales de chaque tournoi du Grand Chelem les deux précédentes années. Avec déjà 8 titres majeurs, il a l'expérience pour en glaner encore un ou deux, pense-t-il.
Régulier pendant 13 ans. La chute a été d'autant plus lourde. Sur le gazon anglais, Connors tombe dès le premier tour, battu, non sans combattre, par son compatriote Robert Seguso. Jamais il n'avait été éliminé aussi tôt depuis 1973. L'ancien numéro 1 mondial ne s'en remettra pas vraiment. Bien qu'il ait continué sa carrière jusqu'en 1992, il n'a plus atteint la moindre finale de Grand Chelem après cette désillusion.
1986 - Retour raté pour John McEnroe
1986, année maudite pour les légendes américaines. Après Jimmy Connors, c'est John McEnroe qui a connu le goût amer d'une défaite précoce. Après une année record en 1984 - 13 victoires en 15 tournois disputés, dont 3 Grand Chelem - le tennisman aux colères homériques marque le pas l'année suivante mais franchit toujours le cap de la deuxième semaine dans les quatre grands tournois. En janvier 1986, il prend un break de 6 mois durant lequel il se marie et a un enfant.
Plus de titres en Grand Chelem. Toujours 9ème mondial, McEnroe fait son retour à l'US Open, plein d'ambitions. Mais là encore, c'est un compatriote américain qui va mettre fin à l'histoire, dès le premier tour. Paul Annacone défait John McEnroe en quatre sets. S'en suivront deux années difficiles pour l'homme aux 7 Grand Chelem, avec au mieux deux quarts de finale à l'US Open 1987 et Open d'Australie 1989. Les multiples retours qu'il tentera jusqu'en 1992 ne lui permettront pas de tutoyer à nouveau les sommets.
1998 - le petit accroc de Pete Sampras
Pete Sampras a régné en maître sur le tennis masculin des années 1990 avec pas moins de 12 titres en Grand Chelem en 10 ans. Mais l'Américain n'a jamais été vraiment à l'aise à Roland-Garros, seul tournoi majeur qu'il n'a jamais remporté. C'est donc logiquement sur la terre battue parisienne que la régularité du champion au plus haut niveau en Grand Chelem a pris fin. C'était en 1998, alors que Sampras est premier au classement ATP. Après une victoire facile en ouverture, il tombe à la surprise générale dès son deuxième match face au Paraguayen Ramon Delgado, en trois sets qui plus est.
La force de rebondir. Pete Sampras n'avait plus connu de défaite au deuxième tour d'un Grand Chelem depuis Wimbledon 1991. Entre les deux, l'Américain a marqué l'histoire du tennis de son empreinte, notamment à Wimbledon et à l'US Open, ses tournois favoris (respectivement 7 et 6 titres). Son échec cuisant à Roland-Garros en 1998 ne l'a d'ailleurs pas trop affecté mentalement. En grand champion, il a rebondi avec brio et surtout rapidement : deux mois après, il remportait l'US Open face à Goran Ivanisevic. Signe de sa régularité, Pete Sampras a remporté au moins un Grand Chelem par an de 1993 à 2002, année de sa retraite sportive.
2012 - la dynamique cassée de Rafael Nadal
A l'heure d'entrer sur le court au deuxième tour du tournoi de Wimbledon en 2012, Rafael Nadal ne pouvait pas être plus confiant. Le Majorquin, numéro 2 mondial à l'époque, affiche des statistiques folles : 5 finales de suite en Grand Chelem dont 2 remportées à Roland-Garros et surtout des titres conquis consécutivement à Monte-Carlo, Barcelone, Rome et donc Paris. En ouverture sur le gazon anglais, Nadal ne fait qu'une bouchée du brésilien Bellucci. L'ogre espagnol s'apprête à croquer le pauvre Tchèque Lukas Rosol.
Miné par les blessures. Sauf que c'est l'inverse qui se produit. Après cinq sets et un suspense qui tient en haleine le public londonien, Rosol, 100ème mondial s'offre le scalp de Rafael Nadal. La stupeur est totale, d'autant que l'Espagnol pouvait prendre la première place du classement ATP en cas de victoire finale. Cette défaite inattendue a fait mal à Nadal : depuis quatre ans, il n'a remporté "que" trois tournois du Grand Chelem dont deux à Roland-Garros. Une baisse de forme attribuable aux blessures à répétition qui minent sa carrière et l'empêchent de retrouver le niveau stratosphérique de ses meilleures années.
2013 - Roger Federer, la fin d'un règne
Même les légendes peuvent tomber. Longtemps, les fans de tennis ont cru que Federer pourrait dominer son sport comme personne ne l'a fait jusqu'à la fin de sa carrière. C'est simple, en 2013 le Suisse plane toujours sur le tennis mondial. Certes, il ne domine plus autant : il est "retombé" à la troisième place au classement ATP et a connu en 2011 sa première saison sans victoire en Grand Chelem depuis 2003. Mais Federer reste une référence, surtout à Wimbledon. Après trois ans sans victoire sur ce gazon qu'il affectionne tant, Roger Federer veut reconquérir sa couronne. Il expédie son premier tour en ne perdant que 5 jeux.
Fin de série. Au deuxième tour, il affronte Serhiy Stakhovsky, un Ukrainien, 116ème à l'ATP et qui n'a jamais battu de Top 10. Le match est étonnement serré et tourne à l'avantage de l'outsider. Stakhovsky remporte en quatre sets (dont trois jeux décisifs) une victoire de prestige au roi Roger et met fin à son hallucinante série de 36 quarts de finale consécutifs en Grand Chelem. Le Suisse sort du tournoi la tête basse. Cette défaite, la plus précoce en Grand Chelem depuis 2003, acte la fin de son règne. Federer n'a plus remporté le moindre en titre en Grand Chelem depuis, malgré trois finales disputées, toutes perdues face à Djokovic. Une passation de pouvoir en quelque sorte.