C’est le genre d’anniversaire qu'on aime et qu'on détester célébrer à la fois. Il y a 20 ans, Mary Pierce soulevait la coupe Suzanne-Lenglen, à Roland-Garros. Elle reste, à ce jour, la dernière Française à avoir réussi cet exploit, porte d’Auteuil. "C’est le rêve, c’était mon rêve d’y jouer, et de gagner Roland-Garros. Il y a 20 ans, c’est devenu réalité et j’en suis très, très fière", se remémore, émue, la Franco-Américaine, basée désormais en Floride. Et c’est, selon elle, grâce à un "phénomène surnaturel" qu’elle a remporté son deuxième titre du Grand chelem...
La petite voix qui change tout
Mary Pierce, qui n’a jamais caché sa foi religieuse - "je suis très croyante et je crois en Dieu qui est en contrôle de tout, j’ai juste à donner 100% de moi-même et donner du plaisir sur le terrain", révèle qu’elle avait eu une sorte de révélation, à l’époque. "J’ai senti quelque chose que je n’ai jamais senti, ça a été une seul fois, la dernière d’ailleurs, après mon succès au premier tour", explique-t-elle sur Europe 1. "J’étais sur le Chatrier et après la rencontre j’ai entendu une petite voix qui m’a dit : 'Voilà, c’est peut-être cette année'. D’où sort cette voix, c’est quoi ça ? Je n’ai rien dit à personne, je l’ai gardé pour moi-même et j’ai continué chaque jour, chaque match, et en effet, cela a été mon année."
Une victoire acquise face à l’Espagnole Conchita Martinez en deux sets (6-2/7-5) qui lui permet de remporter son deuxième tournoi du Grand chelem, et certainement le trophée le plus important de sa carrière. "C’est fou de ce dire qu’il y a 20 ans qui est passé. J’en garde des supers souvenirs de cette quinzaine, avant le tournoi, je n’étais pas sûr de pouvoir le jouer car j’étais blessée, je n’avais pas des super résultats, ce n’était pas ça pour la confiance", rappelle Mary Pierce. "Mais trois mois auparavant, j’ai rencontré le seigneur et c’est là où, personnellement, ma vie a complètement changé, j’étais transformée. Il y a beaucoup de choses qui se sont passées il y a 20 ans, peut-être les meilleures de ma vie. C’était les plus beaux moments de ma carrière."
De la difficulté pour une Française de jouer et gagner à Roland-Garros
Finaliste malheureuse en 2005 face à la Belge Justine Henin, Mary Pierce n’a depuis vu personne atteindre ce stade de la compétition à Roland-Garros. "Pourquoi je suis la dernière ? Je ne sais pas (rires), je ne peux pas vous dire, il y a eu Marion Bartoli qui n’était pas loin. Il y a Kristina Mladenovic ou Caroline Garcia. On attend, et il n’y a pas d’autres joueuses qui montrent qu’elles ont le potentiel pour remporter Roland", déplore l’ex numéro 3 mondiale à la WTA. Mais elle admet que pour gagner sur l’ocre parisien, il faut avoir les nerfs solides: "Jouer à Roland-Garros en tant que française, c’est dur. C’est un Grand chelem, il y a de l’excitation dans l’air, ça n’a rien à voir avec les autres tournois. Toute l’attention est concentrée sur vous, les médias, le public, tout le pays attend les Françaises ou Français qui jouent."
Une pression, une attente qui, souvent, fait déjouer les tricolores. "On a tellement envie de bien faire, que parfois c’est trop, on a du mal à gérer toutes ces émotions. C’est ce qui est le plus dur à gérer à Roland-Garros", détaille Mary Pierce. "Après, on réfléchit trop dans la tête, on devient trop tendu, trop crispé, on respire moins bien, on bouge moins bien, on frappe moins fort, on fait plus de fautes." Peut-être que l’année 2020 sera la bonne, d’autant plus que les joueuses et joueurs français devraient avoir moins de pression, la possibilité de voir se dérouler le tournoi parisien à huis clos ou avec un capacité réduite en septembre prochain, prend de plus en plus d’épaisseur de jours en jours….