Les historiens du tennis en sont pour leurs frais en 2017. Après Roger Federer qui gagne son 18ème titre du Grand Chelem à 35 ans, voilà que Rafael Nadal, sa victime en finale du dernier Open d'Australie, décroche un dixième succès à Roland-Garros, après deux années blanches Porte d'Auteuil (élimination en quarts de finale en 2015 et forfait au troisième tour en 2016).
Sur la lancée d'une saison sur terre battue exemplaire (une seule défaite en 25 matches !), Nadal, vainqueur à "Roland" entre 2005 et 2008 puis entre 2010 et 2014, n'a fait qu'une bouchée dimanche d'un Stan Wawrinka dont les quelques coups de patte n'auront pas suffi à changer le cours d'un match au scénario couru d'avance. Le Majorquin s'impose en trois sets (6-2, 6-3, 6-1) en 2h05' de jeu, sur un rythme infernal qu'il a tenu tout au long du tournoi.
Wawrinka cuit à l'étouffée. Après avoir détruit en demi-finales Dominic Thiem, qui restera donc le seul joueur à l'avoir battu sur terre cette saison, Nadal n'a pas tardé à lancer l'entreprise de démolition de Stan Wawrinka. Pourtant, le Suisse s'est créé très tôt, à 1-1 dans le premier set, une occasion de break (comme Thiem, qu'il manqua lui aussi). Ce sera sa seule occasion du match. Harcelé, sans cesse poussé au bout du bout dans l'échange, Wawrinka, par ailleurs déficient au service, a toujours fini par craquer (29 fautes directes, contre 12 à Nadal).
Domination totale. En feu lors de sa demi-finale contre Andy Murray, "Stan the man" n'a réussi que 19 coups gagnants, une misère pour lui. Aurait-il dû venir plus souvent à la volée ? Pas sûr que cela aurait changé le cours de la rencontre. Nadal l'y a parfois cueilli quand "Rafa" n'y a tout simplement pas fini son travail de sape (18 points gagnés au filet sur 20 montées).
Breaké très tôt dans chacun des sets suivants, Wawrinka a subi les charges du "Taureau de Manacor", sans pouvoir le piquer. Il a bien harangué le public, cassé une raquette, espéré dans le deuxième set quand il a mené, chose rare, 30-0 sur le service de son adversaire, mais à chaque fois, Nadal, aussi clinique qu'animal, a ramené les choses à l'essentiel : sa domination totale.
Quand l'histoire se répète... L'Espagnol, aussi intraitable en coup droit qu'en revers, a suscité à plusieurs reprises les murmures d'un court Philippe-Chatrier qui en a pourtant vu d'autres de sa part. Le score final est sévère, mais juste : 6-2, 6-3, 6-1. Nadal avait battu Wawrinka sur le même score en quarts de finale de l'édition 2013, ce qui donne une certaine idée de sa domination à travers les années, et même, les décennies. Le Majorquin est le plus grand joueur que la terre battue ait jamais porté. Et cette levée 2017 est venue le confirmer.