Deux jours de courses et le film du Tour de France est conforme à l'affiche : le double vainqueur déchu Tadej Pogacar et le tenant du titre Jonas Vingegaard se sont rendu coup pour coup dimanche dans la deuxième étape. Chaque ligne, d'arrivée ou de points bonus, finit par une scène de combat entre les deux immenses favoris pour se disputer des secondes de bonifications. Après deux rounds, le phénomène slovène mène aux points avec onze secondes d'avance sur son rival danois. "S'il y a des bonus de temps en temps à aller chercher, et que j'en ai l'occasion, j'irai", promet-il encore. "Peut-être qu'au dernier jour, elles ne serviront à rien mais ça peut aussi être serré."
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"Les deux coureurs les plus forts"
Le Jaizkibel (8km à 5,3%), ascension mythique surmontant Saint-Sébastien, a offert ce qui s'annonce comme un classique des trois prochaines semaines avec une intensité encore supérieure à la veille dans la côte de Pike puis le final à Bilbao où "Pogi" avait pris comme dimanche la troisième place de l'étape. "Dans le Jaizkibel, je pense que tout le monde a vu qui était les deux coureurs les plus forts de ce Tour", constate le directeur sportif de Jumbo-Visma Grischa Niermann.
Coincé entre les barrières et Simon Yates, premier à porter une attaque dans le décor traditionnel de la Clasica San Sebastian, le Danois Vingegaard a lâché un geste du coude pour se dégager de son rival Tadej Pogacar, l'enfermant avec malice. Un changement de trajectoire du jumeau du maillot jaune Adam Yates a finalement ouvert la porte au leader de Jumbo-Visma qui a instantanément fait feu, sans surprendre le Slovène qui a franchi le sommet du Jaizkibel en tête, s'adjugeant les huit secondes de bonifications.
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"Facile de glaner ces secondes"
"Nous voulions préparer le sprint pour Tadej en haut de la bosse", a confirmé son équipier -et maillot jaune- Adam Yates. "Il a une super pointe de vitesse. C'est plutôt facile pour lui de glaner ces secondes. Sur trois semaines, ça finit par cuber", assure-t-il. "Il était proche de le battre au sprint en haut, c'est bon signe", juge de son côté Grischa Niermann à propos de son coureur.
Malgré tous les appels du coude (encore) de Pogacar, le Danois ne l'a pas relayé quand ils ont basculé avec une vingtaine de secondes d'avance sur la concurrence éparpillée pour attendre ses trois équipiers. Après le regroupement, "Pogi" a donc remis ça à l'arrivée de l'étape, donnée sur le front de mer de Saint-Sébastien, où, en plus de Victor Lafay, l'a devancé Wout van Aert en porte-flingue de Jonas Vingegaard.
"Un leader pareil, tout le temps motivé, nous motive tout autant", loue Adam Yates, clarifiant son statut d'équipier plutôt que de leader au sein de la formation UAE-Emirates. "Au long de ces trois semaines, on peut faire quelque chose de spécial."
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Blessures oubliées
Les fractures au poignet de Pogacar, héritées de sa chute à haute vitesse dans Liège-Bastogne-Liège il y a deux mois, semblent presque oubliées. "J'ai un peu mal après avoir sprinté aujourd'hui, a-t-il livré. Mais ça s'améliore chaque jour. L'étape était cahoteuse, avec des virages, des dos d'âne, des nids de poule... et j'ai quand même pu sprinter à l'arrivée. Donc ce n'est pas un problème."
Les deux sprints massifs attendus lundi à Bayonne puis mardi à Nogaro devrait offrir un entracte avant une reprise des hostilités mercredi à Laruns au bout d'une 6e étape, quasi copiée-collée de la première victoire de Pogacar dans la Grande boucle en 2020.