Le jour de gloire est enfin arrivé. Si souvent déçu depuis le départ, Arnaud Démare a remporté sa première victoire sur le Tour de France 2018, jeudi lors de l’arrivée de la 18ème étape à Pau. Le coureur de la FDJ, parfaitement lancé par ses coéquipiers, s’est imposé au sprint pour prendre sa revanche au lendemain d’une journée terrible pour lui dans les Pyrénées. Démare a également répondu de la plus belle des manières à l’Allemand André Greipel, qui l’avait accusé de tricherie mercredi soir. Le Maillot jaune Geraint Thomas a vécu de son côté une journée bien tranquille.
Démare, la joie après la souffrance. Il faut avoir un sacré mental pour trouver la lumière au bout d’un long tunnel de plus de deux semaines. Car depuis le départ, Arnaud Démare n’a pas été épargné. Le sprinteur de la FDJ a connu la frustration de terminer aux places d’honneur, avec notamment deux troisièmes place lors des 2ème et 13ème étape. "Je ne me suis pas battu pour rien. Aujourd’hui ça paie. L’équipe a encore fait un super boulot, c’est une belle récompense pour tout le monde", s’est réjoui Démare, interrogé après la course au micro de France 2.
Avant sa victoire, le vainqueur de Milan-San Remo 2016 a aussi connu la souffrance en montagne, mercredi, terminant dans les délais au prix d’un énorme effort. Moins de 24 heures plus tard, il oubliait la fatigue pour débloquer, enfin, son compteur sur le Tour 2018. "Je donne tout, le maximum. J'ai travaillé dur en montagne avant d'arriver au Tour de France. Ce n'était pas facile mais j'ai passé la montagne, la plupart des sprinteurs ont abandonné, je suis encore là", s’est-il satisfait. A 26 ans, Démare compte désormais deux victoires d'étape sur le Tour de France (il en a gagné une l'an passé). Et il ne compte pas s'arrêter là.
Il répond aux critiques de Greipel. Pour Arnaud Démare, cette victoire a également un goût de revanche sur les critiques. En effet, le Français a été accusé de tricherie par André Greipel, mercredi soir sur Twitter. Le sprinteur allemand, qui a abandonné dans les Alpes, a mis en doute les performances du Français, le soupçonnant d’avoir été aidé pour terminer dans les délais l’étape de jeudi, avant de s’excuser. "Je peux le remercier parce qu’aujourd’hui je pensais beaucoup à lui", lui a répondu Arnaud Démare, taquin, au micro de France 2. Gageons qu’André Greipel a retenu la leçon.
Laporte deuxième, une première pour la France depuis 40 ans. Arnaud Démare a devancé un autre Français au sprint, Christophe Laporte. Le coureur de la FDJ s'est ostensiblement plaint de son compatriote juste après la ligne d'arrivée, signifiant son agacement d'un geste de la main. "Je me fais déborder par un FDJ, je dois couper mon effort et prendre la roue d'Arnaud (Démare). Je pensais passer sur la fin. Je suis gêné, il ne garde pas son couloir dans le sprint", a-t-il assuré.
Reste que voir deux Français aux deux premières places d'un sprint est un réel événement. Ce n'était plus arrivé depuis... 40 ans (le 1er juillet 1978) !
Avant le sprint, l'ennui. Si le doublé de Démare et de Laporte a forcément réjoui les fans français, cette 18ème étape, qui portait bien son nom de "transition", a été un long chemin de croix pour les téléspectateurs. Cinq coureurs (Thomas Boudat, Mathew Hayman, Luke Durbridge, Niki Terpstraet Guillaume Van Keirsbulck) ont bien tenté leur chance dès les premiers kilomètres, mais ils n’ont jamais compté au-delà de deux minutes d’avance sur le peloton. Comme attendu, l’échappée a été "avalée" à 16 km de l’arrivée, avant un final promis aux sprinteurs. Prévisible et (presque) soporifique.
Frayeur pour Quintana. Nairo Quintana, lui, s’est fait peur. Le Colombien, vainqueur avec brio mercredi lors de l’arrivée au sommet du col du Portet, a chuté à une centaine de kilomètres de l’arrivée. Le coureur de la Movistar, touché au coude gauche et avec le maillot en partie déchiré, a finalement pu repartir pour réintégrer le peloton quelques kilomètres plus loin. Au final, plus de peur que de mal pour le petit Colombien.
Quintana aura une nuit pour se reposer avant la 19ème étape, la dernière en montagne, qui réserve un programme dantesque avec les grands "classiques" des Pyrénées. Vendredi, le peloton devra gravir successivement les mythiques Aspin, Tourmalet et Aubisque, pour un long effort de 200,5 km. De quoi offrir une dernière bataille pour le Maillot jaune ? Pas certain, tant les Sky dominent leur sujet...