Vincenzo Nibali, vainqueur sortant du Tour de France, a signé vendredi une victoire éclatante au sommet de La Toussuire. Ce succès, qui fait oublier un début de Tour 2015 difficile, marqué par une contre-performance lors de la première étape pyrénéenne vers La Pierre-Saint-Martin, le champion d'Italie l'a construit dans le col de la Croix de Fer, en attaquant à 4 kilomètres du sommet... au moment même où Christopher Froome connaissait un souci mécanique. Le maillot jaune a expliqué s'être arrêté pour enlever "un morceau de bitume ou une pierre" qui gênait le fonctionnement de sa roue arrière.
"Nibali avait toute la montée pour m'attaquer, il a choisi ce moment-là", a vertement critiqué le leader de la Sky à l'arrivée. "J'ai appris ensuite par les autres coureurs qu'il s'était retourné. Il savait sans doute ce qu'il faisait, il savait que j'étais en difficulté. Selon moi, on ne fait pas ça au leader de l'épreuve, ce n'est pas fair-play. Ce n'est pas dans l'esprit du Tour de France. Je ne dirais pas qu'il a attaqué le maillot jaune. Il visait sans doute davantage Valverde et Contador. Mais cela aurait pu avoir un effet domino défavorable pour moi." Visiblement, Froome s'est montré moins diplomate à l'arrivée. "J'ai été très déçu par ses paroles, elles sont trop dures et trop injustes pour être répétées", a déclaré Nibali, qui a reconnu avoir eu un échange houleux avec son rival au pied du podium. "Je lui ai simplement dit ce que je pensais de lui, a sèchement répondu Froome, qui était déjà allé s'expliquer avec Nibali après une chute collective, à l'arrivée au Havre.
Nibali attaque au moment où Froome connaît un souci mécanique :
"Il n'a pas des yeux à l'arrière de la tête." Les images sont relativement claires. On y voit Nibali se retourner avant de porter une franche attaque. A-t-il vu le maillot jaune en difficulté ? "Non, je ne l'ai pas vu", a-t-il répondu au micro de France Télévisions. "Nous avons mené notre course, j'étais en train de parler avec Kangert (son coéquipier estonien) à ce moment-là (ce que semblent confirmer les images, ndlr). On avait déjà roulé avec (Michele) Scarponi auparavant, je ne pouvais pas attendre la dernière ascension. Pour gagner l'étape, il fallait attaquer de loin. Au cours de ces dernières journées, j'ai souvent attaqué, et j'ai toujours eu les dix premiers du classement général contre moi." Tactiquement, le comportement de Nibali se tient. Présent à ses côtés à l'arrivée, le manager de l'équipe Astana, Alexandre Vinokourov, a défendu son coureur, dans son inimitable français. "Il n'a pas des yeux à l'arrière de la tête, donc je ne vois pas où est le problème, même la radio ne l'a pas dit", a pesté l'ancien coureur. Les deux parties devraient camper sur leurs positions...
Cette affaire en rappelle une autre, celle de l'attaque d'Alberto Contador au moment où Andy Schleck connaissait un problème de dérailleur sur l'étape de Luchon lors du Tour 2010. Là encore, Contador avait expliqué ne pas s'être rendu compte du souci connu par son rival. Les conséquences avaient été bien plus importantes : Contador avait récupéré le maillot jaune. Vendredi, Froome n'a perdu qu'une minute et 20 secondes sur le nouveau 4e au général.