Tour de France : "J’avais pris le Maillot jaune par hasard", se souvient Vincent Barteau

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Thomas Gentil
TOUR DE FRANCE - Le Maillot jaune fête son centenaire. À cette occasion, chaque jour de la semaine, Europe 1 fait témoigner un ancien porteur de la célébrissime tunique. Ce matin, Axel May a rencontré Vincent Barteau, équipier de Laurent Fignon et de Greg LeMond sur le Tour de France 1984, qui s’empara du Maillot jaune un peu par hasard.

Vincent Barteau, équipier de Laurent Fignon et Greg LeMond lors du Tour 1984, a pris le Maillot jaune dans des circonstances un peu particulières.

"Greg LeMond me demande de l'accompagner pour pisser", raconte l'ancien coureur à Europe 1. "On fait voir à tout le monde que l’on s’arrête pour aller faire notre affaire. À ce moment-là, on entend : attaque en tête du peloton. Ça ne nous a pas plu. Un gars était parti devant. Après avoir replacé Greg, je suis allé le chercher, c’était Maurice Le Guilloux. Il m’explique que c’est un Portugais, Paulo Ferreira, qui a attaqué le premier. On le rattrape pour lui rappeler les règles. Je me tourne ensuite vers Maurice pour nous relever. 'Non Vincent', répond le coureur de la Vie Claire. 'On continue.' Il restait plus de 200 km, et nous voilà partis, on est monté jusqu’à 28 minutes d’avance, et on a fini à 17 minutes d’avance. J’ai pris le Maillot jaune à Cergy-Pontoise, j’ai eu vraiment de la chance."

Cette avance a permis à Vincent Barteau de conserver la tunique dorée pendant douze jours. "Avec l’avance que j’avais, j’ai pu parcourir toute la Normandie en jaune. J’ai passé Nantes, Bordeaux et Pau. On est arrivé dans les Pyrénées, j’ai réussi à le conserver et pour finir, je l’ai gardé jusqu’à l’Alpe d’Huez. Cela a été une aventure magnifique. Je l’ai gardé treize jours car lors de la journée de repos, c’est moi qui le portais (…) Le Tour, c'est la plus belle course au monde. Chacun veut gagner une étape, mais c’est déjà très compliqué (Vincent Barteau a gagné la 13ème étape en 1989, ndlr). Le Maillot jaune, cela devient exceptionnel. Le porter déjà, c’est le rêve de tout gamin qui a envie de faire du vélo (…) Ça passe vite les douze jours, on arrive vite à Paris. À choisir entre l’étape et le Maillot jaune, on prend le Maillot, car t’es tous les jours à l’antenne, tous les spectateurs n’ont yeux que pour toi. Tout le monde te voit, tout le monde te découvre. Ma petite notoriété s'est faite sur le Tour 1984. Le Maillot jaune n’a pas d’équivalent, à part champion du monde peut-être."

"Le Maillot jaune n’a pas d’équivalent"

Vincent Barteau n’a réalisé que plus tard l’exploit qu’il avait accompli. "On ne se rend pas bien compte qu’on est leader d’une course aussi importante", analyse-t-il. "C’est surtout le lendemain matin, quand je l’avais sur le dos, que j'ai pris conscience de ça. C’était quand même extraordinaire. On s’en rend compte des années après en regardant les autres…"

Et ces treize Maillots jaunes, qu'en a-t-il fait ? "J’en ai beaucoup donné, car j’étais très généreux. Aux mécaniciens, aux soigneurs, à mes équipiers… J’en ai gardé juste pour mes frères et mes parents. Du coup, il ne m’en reste que quatre aujourd’hui, car je me suis fait cambrioler et le seul que j’avais chez moi a disparu avec les voleurs…"