Chants de supporters pour les siens (Barguil, Bardet), sifflets pour l'adversaire (Froome), le stade Vélodrome a montré aux cyclistes du Tour de France les codes du football. Dommage qu'il n'ait pas fait le plein, samedi, lors du contre-la-montre. L'ambiance de match a culminé à la fin, quand Chris Froome menaçait de dépasser un Bardet hors du coup dans la dernière courbe, dans le stade de l'Olympique de Marseille. Les tribunes ont alors poussé le coureur français pour lui éviter cette humiliation, comme une équipe qui doit tenir le score dans les dernières secondes.
Barguil a adoré. "L'ambiance à Marseille était très belle, dans ce très joli stade, c'était énorme", a réagi Froome à l'arrivée, pas rancunier. Le presque quadruple vainqueur du Tour a pourtant été sifflé par une partie du public, deux minutes après l'ovation réservée à Bardet sur le podium de départ. Warren Barguil était l'autre chouchou tricolore du stade. "C'est énorme l'ambiance qu'il y a dans l'enceinte du stade Vélodrome. Merci aux Marseillais de nous avoir accueillis comme ça", a salué le meilleur grimpeur du Tour 2017. Si les deux stars françaises de l'été ont électrisé le public, l'étoile sur le départ Thomas Voeckler a aussi droit à un maximum de bruit au départ et à l'arrivée.
Olas et chansons. Pour l'animation, les organisateurs avaient placé des orchestres dans chaque tribune. Si la banda vêtue d'orange a bien chauffé la tribune Ganay, la palme de l'énergie revient à la formation placée dans le virage Sud, Cartoon Show, guitares électriques, cuivres et percussions, entonnant le "Misirlou" immortalisé par le film Pulp fiction ou l'inévitable Seven nation army des White Stripes. Dans ce virage Sud, où pullulaient les maillots à pois, l'animateur appointé par Carrefour, sponsor du meilleur grimpeur, aura bien mérité le prix de la combativité. Il a fait vivre sa tribune tout l'après-midi, lançant des olés et des olas, comme un "capo", un chef de supporters ultras.
Tribunes un peu dégarnies. "Ça change du foot mais c'est bien", estime un ancien habitué du virage Sud, Christophe Boursier, "membre du Commando Ultra de 1986 à 1996", les années de gloire de l'OM. "Ça manque un peu de monde mais l'ambiance est sympa", ajoute-t-il. C'est la déception de la journée, le stade est finalement loin de faire le plein. "Pourtant 55.000 billets ont été retirés", regrette le patron du stade, Martin d'Argenlieu. "En tout nous avons eu 45.000 spectateurs en cumulé, mais pas mal de personnes ont été bloquées à cause des cisaillements supprimés par la police, et des personnes là ce matin sont sorties", explique-t-il.
"C'est moyen, je m'attendais à mieux, les accès étaient compliqués, c'était mal indiqué", regrette Jeanne, la soixantaine blonde, venue en voisine de la rue Paradis avec son amie Françoise Alet et leurs maris. "Et pourtant j'adore le vélo, je regarde le Tour tous les étés", ajoute-t-elle. Autre bémol, dans la tribune principale Jean Bouin le son se perd en de multiples échos et il devient difficile de comprendre ce que disent les commentateurs. Deux écrans sur la pelouse, légèrement inclinés, permettaient de suivre la course, mais difficile de suivre le classement de l'étape faute de panneaux. En virages, juste face aux enceintes, le son étaitclair, mais les chants du kop dominaient. "La lalala lalaaa, Romain Bardet !"