Ses soutiens loueront sa désormais célèbre politique des "gains marginaux". Ses détracteurs fustigeront son attitude "border line". Depuis dimanche soir, l'équipe Sky de Chris Froome est au cœur d'une nouvelle polémique, née après la première étape du Tour de France, le contre-la-montre de 14 kilomètres dans les rues de Düsseldorf. Cette fois-ci, il n'est pas question de soupçons de dopage, mais d'interprétation d'un règlement technique.
Un "vortex" améliorant l'aérodynamisme du coureur. Dimanche, certains coureurs de l'équipe britannique se sont présentés sur la rampe de lancement du contre-la-montre de Düsseldorf avec une combinaison spéciale laissant apparaître sur les épaules et les biceps des coureurs des bandes présentant des aspérités. Outre Geraint Thomas, vainqueur du conte-la-montre, Chris Froome (6ème), Vasil Kyrienka (3ème) ou Mikel Landa portaient ces combinaison spéciales.
Entre autres rendues visibles par la pluie, tombée abondamment sur la route du Tour dimanche, ces bandes ont immédiatement attiré l'attention des spécialistes, qui y ont vu un moyen de créer un "vortex", un phénomène physique améliorant l'aérodynamisme du coureur.
Quels avantages aéro peut-on tirer de vortex placés sur les côtés des bras en chrono ? Est-ce réglementaire ??? https://t.co/kg51ktI6e9
— Fred Grappe (@fredgrappe) 1 juillet 2017
Un gain de 15 à 25 secondes sur 14 kilomètres. Selon eux, ce dispositif aurait permis aux coureurs l'ayant utilisé de gagner 15 à 25 secondes sur les 14 kilomètres du contre-la-montre de Düsseldorf (l'équivalent d'un gain de 5 à 7% en terme de coefficient de pénétration dans l'air).
S'appuyant sur les démonstrations de Frédéric Grappe, son technicien et directeur de la performance, l'équipe FDJ a dans la soirée porté réclamation. La formation française a rapidement été suivie par la BMC de Stefan Küng, 2ème du chrono, et de Richie Porte, rival de Chris Froome en vue du classement général.
L'UCI interdit des éléments pouvant diminuer "la résistance de pénétration dans l’air". Selon ces deux équipes, le règlement de l'UCI interdit ce type de dispositif. L'article 1.3.033 du guide technique de l'UCI stipule en effet que "tout équipement vestimentaire susceptible d’influencer la performance du coureur est prohibé. Il est notamment interdit de porter des éléments vestimentaires non essentiels pouvant diminuer la résistance de pénétration dans l’air ou à modifier la physionomie du coureur (compression, étirement, soutien)."
En effet! , Vortex considéré comme élément sous maillot améliorant le scx, non? pic.twitter.com/BA2UedG6GY
— Alban Lorenzini (@cyclesetforme) 1 juillet 2017
Nicolas Portal, directeur sportif de l'équipe britannique, a déclaré que tout était "légal". "Tout a été validé par les commissaires. On ne peut pas prendre le risque de tricher", a-t-il déclaré devant différents médias. L'ancien coureur de l'équipe Ag2r a par ailleurs indiqué que la légalité de leur combinaison est assurée du fait que "le Vortex n'est pas ajouté au maillot, il est intégré".
Une décision difficile à prendre. La subtilité est-elle à même de faire disparaître la polémique ? Pas sûr. Une chose est sûre, il faudra que la question soit tranchée avant le départ du contre-la-montre de Marseille, le 22 juillet prochain.
En attendant, la direction du Tour et l'UCI sont placés devant un dilemme : faut-il sanctionner la Sky en se basant sur une simple divergence d'interprétation d'un règlement (et par quel moyen ?), ou faut-il laisser passer, au risque d'être soupçonné de favoriser l'équipe du tenant du titre ? Une chose est sûre, la décision sera difficile à prendre.