Sans doute que Guy Novès avait rêvé d'une "finale" contre l'Angleterre pour son premier Tournoi des Six Nations à la tête de l'équipe de France. Mais, battus deux fois coup sur coup, au pays de Galles le 26 février (26-10) puis en Ecosse dimanche dernier (29-18), les Bleus ont fait une croix sur la victoire dans la compétition, désormais acquise au XV de la Rose.
Que peuvent-ils désormais espérer avant de recevoir l'Angleterre, samedi soir, au Stade de France ? "On peut d'abord espérer être meilleur que ce soir (dimanche soir) et je ne crois pas que ce sera trop dur", a ironiquement relevé le sélectionneur des Bleus après la défaite en Ecosse. "Même si l'adversaire sera d'un autre calibre. Je pense que l'équipe de France aura très envie de montrer autre chose car on est passé largement à côté du sujet aujourd'hui. J'espère qu'on va montrer qu'on a un avenir et que ces joueurs vont s'améliorer en bossant dans les mois à venir. J'espère."
L'ancien manager du Stade toulousain tait ce qui sera certainement l'élément de motivation n°1 des Bleus, vendredi soir. Son adjoint, Jean-Frédéric Dubois, lui, le dit franchement. Plus que de rachat, il sera question "d'éviter que l'Angleterre fasse le Grand Chelem". Vainqueur de ses quatre premiers matches, dont le dernier, samedi, face au pays de Galles (25-21), le XV de la Rose est en effet en passe de réaliser un parcours parfait de cinq victoires en cinq matches dans le Tournoi, ce qu'il n'a plus réussi depuis 2003.
"Le 'crunch', les Anglais, c'est un match bien particulier, notamment chez nous et on ne va pas les laisser s'imposer à domicile et en plus de cela faire le Grand Chelem", insiste le troisième ligne du Racing 92, Wencelsas Lauret.
Pour autant, les Bleus n'entendent pas aborder ce dernier match du Tournoi avec la fleur au fusil. "On va surtout faire profil bas et bien s'entraîner", confie Yoann Maestri. "On va recevoir les Anglais. Eux sont à quatre victoires et nous, on est à deux victoires-deux défaites. On va faire profil bas, surtout pas se gargariser et on verra samedi soir ce qu'il en est."
"Un vrai chantier". Les Bleus ne partiront pas avec les faveurs du pronostic. "Cette équipe d'Angleterre arrive pleine de confiance avec un Grand Chelem en ligne de mire, le premier d'Eddie Jones (le sélectionneur australien de l'Angleterre, ndlr) et le premier aussi de cette jeune génération plaquée or", relève notre consultant rugby, Eric Blanc. "L'équipe tourne bien, il y a beaucoup d'automatismes entre les joueurs. Et l'équipe de France aura une journée de récupération en moins. Donc ça va être compliqué pour elle. Les Bleus vont travailler sur deux-trois secteurs de jeu qui n'ont pas marché dimanche, ils ont aussi été beaucoup pénalisés. Il y a le problème de la mêlée fermée, donc ça fait beaucoup. On peut dire que les Français ont autant de boulot qu'un plâtrier à Bagdad. C'est un vrai chantier. Ce serait donc une vraie performance de voir les Bleus gagner au Stade de France."
En cas de défaite, les Bleus termineraient ce Tournoi en dehors du podium pour la cinquième fois de rang. Voilà qui ressemblerait de plus en plus à un creux historique dans l'histoire du XV de France.