Guy Novès a déjà imprimé sa marque sur le XV de France. Le nouveau sélectionneur des Bleus, qui affrontent l'Irlande samedi après-midi pour le deuxième match du Tournoi des Six Nations, a décidé de restreindre au maximum la communication de son groupe. Moins de conférences de presse, moins de contacts avec l'extérieur : l'ancien manager du Stade Toulousain a adopté une stratégie en rupture complète avec l'ère Philippe Saint-André.
Trois fois moins de joueurs devant la presse. Jamais le XV de France ne s'est coupé à ce point de l'extérieur. La semaine dernière, avant la difficile victoire contre l'Italie (23-21), seuls cinq joueurs avaient été autorisés à s'exprimer devant la presse, soit trois fois moins que d'habitude. Le groupe s'est même isolé 48 heures avant la rencontre, le staff allant jusqu'à bannir les caméras et les photographes du vestiaire.
Guy Novès lui-même s'est astreint à une communication minimaliste. Le sélectionneur ne s'exprimera ainsi plus les lendemains de match, contrairement à la tradition respectée depuis plus de 30 ans par ses prédécesseurs. "Nous pensons que les joueurs de rugby ne sont pas des représentants commerciaux, mais des joueurs de rugby. Il faut bien en prendre conscience", a justifié le sélectionneur de l'équipe de France pour expliquer sa méthode.
Se concentrer sur les résultats. Ce virage dans la communication s'explique aussi par la volonté du staff tricolore de protéger son équipe. De nombreux jeunes joueurs, inexpérimentés au niveau international, ont été lancés par Guy Novès. Quatre novices ont ainsi été titularisés contre l'Italie, samedi dernier, notamment pour tourner la page d'un Mondial 2015 cauchemardesque.
"Dans la mesure où on part de zéro, il faut tout rebâtir et tout reconstruire. Il vaut mieux ne pas communiquer", approuve notre consultant Eric Blanc. "Aujourd'hui, il faut attendre les résultats et voir ce que ça va donner sur le terrain. Ce serait trop dangereux de s'exposer médiatiquement et de donner la parole à des joueurs et à une équipe en construction. Guy Novès agit comme un père de famille".
Une méthode éprouvée au stade Toulousain. Les joueurs eux-mêmes ont cependant avoué être surpris par le fonctionnement de Guy Novès. "Dans les années qui arriveront, peut-être qu'on aura le droit d'être plus médiatisés. Mais c'est la manière de fonctionner de Guy Novès", a expliqué le trois-quarts centre Jonathan Danty.
Ce repli sur soi, à la limite de l'autarcie, a pourtant fait ses preuves au Stade Toulousain. Pendant plus de 20 ans, Guy Novès a cultivé le secret du vestiaire et a toujours protégé ses joueurs, limitant les sollicitations médiatiques au maximum. Avec cette stratégie, Toulouse a remporté dix Boucliers de Brennus et quatre Coupes d'Europe, un palmarès inégalé dans le rugby français. "Ça a marché à Toulouse, si ça peut marcher en équipe de France, pourquoi pas", conclut Jonathan Danty. Parler moins pour gagner plus, tel pourrait être le slogan de l'ère Guy Novès.