Meneur de jeu de talent, Raymond Kopa n'a pas brillé uniquement sur les terrains. L'ancien milieu offensif de l'équipe de France, mort vendredi à l'âge de 85 ans, a été un des premiers joueurs à profiter de sa notoriété pour s'adonner à la publicité et à lutter en faveur des droits des footballeurs. Retour, en trois anecdotes, sur le parcours de ce pionnier du "foot business".
- Un transfert controversé au Real Madrid
En 1956, Raymond Kopa enchante toute l'Europe du foot avec le Stade de Reims. Après un beau parcours dans la toute nouvelle Coupe d'Europe des clubs champions (C1), les Rémois ne s'inclinent qu'en finale contre le grand Real Madrid (4-3). Tout n'est cependant pas perdu pour Kopa. Les dirigeants espagnols tombent sous le charme du "Napoléon du football" et négocient son transfert contre 52 millions d'anciens francs (800.000 euros), un montant énorme pour l'époque.
Mais le départ de Kopa pour le Real, où il multiplie son salaire par cinq selon L'Equipe, est mal vécu à une époque où les footballeurs français ne quittaient jamais (ou presque) l'Hexagone. "J'ai été le premier joueur français à quitter le pays. A l'époque, beaucoup de gens m'ont pris pour un traître. J'avais juste le tort d'être un précurseur", commenta Kopa des années plus tard. Avec trois victoires en C1 (1957, 1958, 1959), il n'eut, au final, pas à regretter son exil.
Raymond Kopa a remporté trois fois de suite la C1 avec le Real Madrid. Photo @STAFF/AFP
- L'un des premiers à faire de la publicité
Raymond Kopa n'a pas attendu de devenir une star planétaire au Real Madrid pour faire fructifier son nom. Déjà très populaire en France, où il enchaîne les prouesses avec le Stade de Reims, il est l'un des premiers footballeurs français à s'adonner à la publicité. Dès 1954 il commercialise des chaussures à son nom, en partenariat avec un équipementier, comme le rappelle Le Monde. Kopa lance même sa propre marque de jus de fruits, dont il fournira toute l'équipe de France au Mondial 1958. Il apparaît également dans une publicité pour une… marque de cigarette.
Puis, à la fin de sa carrière, il fonde sa marque de sports Kopa, qu'il gère jusqu'à sa retraite en 1991. "J'aurais pu jouer plus longtemps, mais ce qui m'intéressait, c'était la suite. Le football n'était pas une sécurité", déclara l'ancien meneur de jeu des Bleus dans une interview à la chaîne L'Equipe, en 2015.
- Meneur de la fronde contre les contrats à vie
Raymond Kopa s'est également servi de sa notoriété pour mener une fronde contre les instances du foot français. En 1963, il s'insurge contre la situation des footballeurs, qui à l'époque étaient liés à vie à leur club et pouvaient être transférés dans un autre club sans avoir leur mot à dire. "Les joueurs sont des esclaves", déclare-t-il alors, ce qui déclenche une vive polémique et lui vaut six mois de suspension avec sursis.
"Je défendais le contrat à temps. Tous les footballeurs étaient pour moi" , se souvenait-il auprès de la chaîne L'Equipe. Son coup de gueule et la mobilisation de l'UNFP, le syndicat des joueurs, aboutissent finalement en 1968 à l'adoption du "contrat à temps", à durée librement déterminée, toujours en vigueur aujourd'hui. Un énième héritage de la première star du foot français.