La Ligue de football professionnel, consciente de son retard sur le marché asiatique, a entrepris les grandes manœuvres pour rattraper les autres championnats étrangers.
Même l’atmosphère étouffante de Shenzhen n’est pas parvenue à enlever le sourire des visages des dirigeants de la Ligue de football professionnel. Il faut dire que le Trophée des champions, remporté samedi par le PSG (4-0 face à Monaco) est une réussite pour la LFP : 200 journalistes locaux présents au stade, 45.000 spectateurs dans les tribunes (le stade contient "officiellement" 60 000 places mais la jauge a été réduite pour des questions de sécurité), et une diffusion sur 11 chaînes, dont la CCTV, sorte de "France Télévisions" chinois, qui est regardée par… un peu plus d’un milliard de téléspectateurs.
"On a un retard aujourd’hui dans notre développement international. Cela fait partie des priorités absolues de la Ligue", martèle au micro d’Europe 1 le directeur général de la LFP Didier Quillot. "Et qui dit développement, dit la Chine, car c’est un des plus grands pays au monde, le football est ici une priorité nationale du président de la République populaire de Chine", précise-t-il. Le président Xi Jinping a en effet lancé un grand plan national qui doit amener son pays à accueillir – et pourquoi pas gagner – la Coupe du monde de 2030.
Le bureau ouvert à Pékin porte ses fruits. C’est pourquoi la Ligue a ouvert un bureau à Pékin il y a 18 mois, conjointement avec la FFF. Et les premières graines semées commencent à être récoltées : des accords ont été signés avec la grande chaîne publique du pays, la CCTV, mais aussi avec PPTV, une chaîne de "pay-per-view". Cette saison, chaque semaine, il y aura deux matches par journée de Ligue 1 sur la CCTV. "Angela Sun (chargée du bureau à Pékin pour la Ligue, ndlr), a fait un travail remarquable", souffle un membre de la LFPà Europe 1. "Grâce à son réseau, elle a permis de rencontrer des acteurs importants et notamment les médias locaux."
Le football français reste toutefois encore très en retrait par rapport, notamment, à la Premier League anglaise, implantée sur le marché asiatique depuis plus de dix ans. Mais la France a des arguments à faire valoir comme le rappelle Didier Quillot : "Il faut pouvoir se battre à armes égales avec les grands championnats. Donc il faut avoir de bonnes infrastructures et de beaux stades, on les a grâce à l’Euro. Il faut une bonne formation des joueurs, des investisseurs et aussi des stars. C’est le cas en Ligue 1 avec Neymar au PSG, Luiz Gustavo à Marseille, Memphis Depay à Lyon ou Mario Balotelli à Nice".
L’effet champions du monde. Et puis la Ligue surfe aussi sur le récent titre de champions du monde remporté par les Bleus. Beaucoup de fans chinois se sont pris d’intérêt pour l’équipe de France grâce au Mondial. Certains citent facilement Raphaël Varane, Paul Pogba et bien sûr Kylian Mbappé, quasiment aussi connu que Neymar en Asie. "On est le pays champion du monde, ça donne une attractivité nouvelle, c’est un accélérateur pour notre développement", souligne Didier Quillot. "La France c’est le pays dont on parle dans le monde pour le football et donc ça profite à la Ligue 1 bien sûr."
Adapter la diffusion au marché asiatique. La Ligue l'a bien compris et tente désormais de combler son retard avec quelques réajustements, notamment en termes d’horaire de diffusion. La saison prochaine il y aura deux matches à 13 heures, une fois à l’aller, une fois au retour. "On le fera avec le PSG, Monaco, Lyon, Marseille, les grandes marques de notre Ligue 1", explique-t-on à la Ligue. "Et à partir de 2020, ce sera permanent et définitif avec les nouveaux droits TV."
Seul bémol, les droits TV ne valent pour le moment "que" 80 millions d’euros par saison. La LFP, consciente de ce problème, travaille pour changer cet accord avec beIN Sports, valable jusqu’en 2024. A titre de comparaison, le championnat anglais a vendu ses droits à l’international pour la coquette somme d’1,3 milliards d’euros.