Le feuilleton du futur coach du PSG n’est pas prêt de se terminer. Le quotidien L’Equipe évoque vendredi l’intérêt poussé du club parisien pour les Allemands Thomas Tuchel, passé par le Borussia Dortmund (2015-2017), et Joachim Löw, le sélectionneur de la Nationalmannschaft, championne du monde en titre. Il y a quelques semaines, l’Italien Antonio Conte, actuellement à Chelsea, faisait pourtant office de grand favori à la succession d’Unai Emery.
Si le flou autour du prochain entraîneur parisien persiste, un constat s’impose : rien, dans les noms précités, ne permet de distinguer un profil type. Le PSG cherche-t-il un coach aux méthodes autoritaires, capable de remobiliser un groupe critiqué pour son manque de caractère, à l’image de Tuchel et Conte ? Ou un homme aux méthodes plus souples, axé sur le dialogue, comme Löw ? Face à toutes ces inconnues, Europe 1 dresse le portrait de l’entraîneur idéal pour le PSG.
- Un adepte du beau jeu
Depuis l’arrivée des Qataris, en 2011, le PSG a mis un point d’honneur à développer du beau jeu, à même de séduire le plus grand nombre d’amateurs de foot. Que ce soit avec Carlo Ancelotti, Laurent Blanc ou Unai Emery, les Parisiens ont systématiquement enquillé les buts et les matches spectaculaires sur la scène nationale. En Ligue des champions, la puissance de feu offensive parisienne a fait des dégâts, souvent face à des adversaires plus modestes, mais également contre le Barça (4-0 en huitièmes aller l’an dernier, avant la remontada trois semaines plus tard) ou le Bayern cette saison au premier tour (3-0).
Ça tombe bien : les Allemands Thomas Tuchel et Joachim Löw ont tous les deux développé un jeu chatoyant et tourné vers l’attaque avec le Borussia Dortmund pour le premier, et avec l’Allemagne pour le second. Antonio Conte est lui davantage un adepte de la solidité défensive et de tactiques plus prudentes, mais ses équipes (Juventus Turin et Chelsea) n’ont jamais négligé l’offensive.
- Un manager capable de gérer des stars…
Le futur entraîneur du PSG devra aussi savoir composer avec un vestiaire de stars, de Edinson Cavani à Kylian Mbappé en passant par Marco Verratti (s’ils restent au club…). Surtout, il aura la lourde charge de mettre Neymar dans les meilleures conditions possibles après une première saison frustrante, marquée par sa blessure avant le huitième de finale retour perdu face au Real Madrid. Sur ce point, les noms avancés récemment dans les médias posent question.
Thomas Tuchel, réputé pour son intransigeance, a considérablement fait progresser ses joueurs à Dortmund, même s’il possède "seulement" une Coupe d’Allemagne à son palmarès (2017). Ousmane Dembélé, alors au Borussia, avait même regretté publiquement son départ en juin 2017. "Je suis déçu, parce que c'est un entraîneur qui m'a beaucoup fait confiance. Il était toujours là pour moi et il m'a beaucoup apporté", avait assuré le Français, aujourd’hui au FC Barcelone. Mais les méthodes parfois "martiales" de l’Allemand passeraient-elles auprès des egos (surdimensionnés) du vestiaire parisien ? Pas certain, comme pour Antonio Conte. L’Italien, lui aussi considéré comme un coach "dur", s’est mis à dos une partie de son vestiaire à Chelsea, malgré le titre de champion d’Angleterre l’an passé. Joachim Löw, à l’inverse, est davantage adepte d’un management souple, comme il l’a prouvé, avec réussite, avec l’Allemagne.
- … et le contexte parisien
Les joueurs ne sont pas les seules difficultés à gérer au PSG. Depuis plusieurs années, l’organigramme du club parisien laisse perplexe, avec de nombreux changements en haut lieu. Nasser Al-Khelaifi, le président du PSG, cumule les casquettes (président de BeINSports…) et ne gère pas le club au quotidien. Certaines de ses décisions, comme la gestion de l’affaire Aurier (le joueur avait insulté sur internet Laurent Blanc, alors entraîneur, avant d’être réintégré dans l’effectif), ont été vivement critiquées. Et que dire de la direction sportive, qui n’a cessé de changer (Patrick Kluivert, recruté en 2016, n’est resté qu’un an avant d’être remplacé par Antero Henrique).
On imagine difficilement Thomas Tuchel et Antonio Conte dans un tel contexte. L’Allemand s’était brouillé pendant de longs mois avec ses dirigeants du Borussia Dortmund, entraînant son licenciement en mai 2017. Conte, lui, s’est aussi distingué par ses relations difficiles avec le "board" (la direction) de Chelsea, notamment sur la gestion des transferts. Concernant Löw, c’est la grande interrogation, puisqu’il n’a plus entraîné de club depuis le modeste Austria Vienne, en Autriche, en 2003-2004.
#Tuchel sur le papier superbe idée pour le #PSG, mais après c'est pareil, que ce soit lui, Ancelotti, Conte ou un autre, il faut lui donner TOUTES les clés du camion et qu'il ait un soutien TOTAL des dirigeants, sinon, ça finira comme avec Emery. #PSG
— Julien Froment (@JulienFroment) 30 mars 2018
- Un coach pour aller loin en Ligue des champions
Le principal objectif du nouvel entraîneur sera le même que celui fixé à ses prédécesseurs : faire enfin passer un cap au PSG en Ligue des champions, après deux éliminations consécutives en huitièmes de finale. Sauf que peu de coachs en Europe connaissent la recette pour aller loin en C1, et qu’ils sont encore moins nombreux à être disponibles sur le marché.
Ceux cités par les médias n’entrent cependant pas dans cette catégorie. Antonio Conte n’a jamais fait mieux qu’un quart de finale avec la Juventus Turin, tout comme Thomas Tuchel avec le Borussia Dortmund la saison dernière, même si l’élimination contre Monaco est à (considérablement) nuancer par l’attentat visant le bus de son équipe, qui n’avait miraculeusement fait aucun blessé grave. Joachim Löw n’a, lui, jamais entraîné en Ligue des champions. Rien ne dit, donc, qu’ils feraient mieux qu’Unai Emery qui, lui, avait remporté trois Ligue Europa avec Séville avant d’arriver à Paris...
- Alors, qui pourrait correspondre au profil ?
C’est bien là le problème : aucun des trois noms cités, Tuchel, Löw et Conte, ne semblent correspondre à 100% au profil dont a besoin le PSG. En fait, le club de la capitale avait déjà cet entraîneur : Carlo Ancelotti, resté deux ans (2011-2013) avant de partir, lassé par la pression de ses dirigeants, pour le Real Madrid, où il a gagné la Ligue des champions dès la saison suivante. Un retour de l’Italien, libre depuis son licenciement du Bayern Munich l’automne dernier, apparaît cependant utopique à l’heure actuelle.
D’autres entraîneurs collent davantage au CV recherché par le PSG, comme Pep Guardiola (Manchester City) et Massimiliano Allegri (Juventus Turin), vainqueur de la C1 pour le premier et finaliste pour le second. Sauf que tous deux sont actuellement sous contrat, et rien ne dit qu’ils seraient intéressés par le challenge parisien…