Vous ne connaissez pas Marcus Willis ? C’est normal. Ce joueur anglais est un parfait anonyme comme le circuit mondial du tennis en produit des milliers. Mais mercredi à Wimbledon, ce grand gaillard d’1,91 mètre va passer de l’ombre à la lumière. Lui, le 772e joueur mondial, qui n’avait jamais gagné le moindre match sur le circuit ATP principal, va rencontrer Roger Federer, légende vivante du tennis et maître des lieux, puisqu’il s’est imposé à sept reprises sur le gazon londonien. "C'est une légende du tennis, un joueur fantastique. J'ai énormément de respect pour lui. Mais je dois essayer de le battre", déclare Willis, qui a eu droit aux félicitations de son idole, le Croate Goran Ivanisevic, lauréat du tournoi en 2001. "Il m'a serré la main. C'était surréaliste", a-t-il réagi.
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— Marcus Willis (@Willbomb90) 27 juin 2016
Sept victoires de suite. Pour en arriver là, Marcus Willis n’a pas démérité. Sa belle histoire a d’abord commencé par un coup de pouce du destin, avec le forfait de son compatriote Scott Clayton, bloqué en Turquie. Il a ainsi pu disputer des pré-qualifications puis des qualifications pour accéder au grand tableau. Là, il a enchaîné une septième victoire consécutive face au Lituanien Ricardas Berankis, 54e mondial, qui le devance par conséquent de 718 places au classement.
Merci Jennifer. Marcus Willis a bien failli ne jamais connaître ce grand bonheur. En début d’année, il avait songé à arrêter sa carrière, minée par les blessures à répétition. Mais sa petite amie Jennifer l’en a dissuadé. "Elle m'a dit que j'étais un idiot et que je devais continuer", a-t-il révélé après sa victoire, lundi. La jolie blonde, dentiste dans la vie, était là pour assister à son exploit lundi sur le court 17, là encore grâce à une heureux concours de circonstance. "Cela va sembler bizarre, mais son matériel est tombé en panne. Elle a été obligée d'annuler ses consultations de l'après-midi. J'étais heureux qu'elle puisse assister à cela", a expliqué Marcus Willis.
Licencié à Capdenac-Gare, dans l’Aveyron. Financièrement aussi, Marcus Willis a changé de monde. En accédant au second tour de Wimbledon, il s’est assuré de remporter près de 60.000 euros. Soit plus des deux tiers de ses gains en carrière - simple et double confondus - avant le tournoi. Cette année, il n'avait gagné jusque-là que 320 euros lors du tournoi Future (3e division) d'Hammamet en Tunisie, pour un bénéfice final d'à peine 60 euros ! Pour vivre, Willis dispense des cours aux joueurs du dimanche et aux enfants pour 30 livres de l'heure (36 euros) à Warwick, la ville où il réside, dans les Midlands de l'ouest, non loin de Coventry. Il dispute aussi les Championnats d'Allemagne et de… France par équipes. Il y a quelques semaines, il jouait pour le petit club de Capdenac-Gare (4.500 habitants), dans le sud de la France. Dans l'anonymat le plus total.