Faut-il interrompre les matches de football lorsque des insultes racistes ou homophobes se font entendre dans les stades ? Alors que le débat agite le monde sportif et politique depuis plusieurs semaines, Yannick Noah y voit "un point de départ". Invité de l'émission Face aux auditeurs, diffusée dimanche soir sur Europe 1, l'ancien champion de tennis évoque ses propres souvenirs et un problème qu'il estime plus global.
>>> FACE AUX AUDITEURS - Écoutez Yannick Noah sur Europe 1, dimanche de 20 heures à 21 heures
"Ce n'est pas un problème qui vient du football"
"Vous comprenez bien que ces gens qui disent des conneries, ils repartent dans la rue après", explique Yannick Noah. "On est dans une ville de 10 millions de personnes, et puis il y a 50.000 personnes (dans le stade, ndlr) dont une centaine qui disent n'importe quoi.... Là, on parle de la société. Ce n'est pas un problème qui vient du football, ce n'est pas un problème qui vient du sport. Que les solutions partent de là c'est très bien, mais il faudrait qu'il y ait des relais après."
Et le champion de raconter sa propre expérience du racisme dans le sport : "Mon premier match professionnel, je l'ai joué à Johannesbourg (en Afrique du Sud, ndlr) pendant l'Apartheid, donc j'étais mal barré (...) Et puis en Alabama, (...) il y avait des chauffeurs qui ne voulaient pas me prendre parce que j'étais un joueur de couleur. Alors j'appelais maman et je lui disais : 'Tu sais quoi, ici je suis noir'. Elle disait : 'Ah bon, mais tu leur as dis que tu étais né à Sedan ?'"
"On a plutôt essayé de rigoler et de trouver des solutions"
"J'ai eu la chance d'avoir une éducation où on a plutôt essayé de rigoler et de trouver des solutions", sourit Yannick Noah. "Tout dépend de la façon dont tu le perçois. Moi, à chaque fois que ça m'est arrivé, j'avais plutôt envie de rigoler. Je regardais la tronche du mec et je disais : 'tu as vu la tronche que t'as ? Mais de quoi tu parles mec ! Si je peux faire quelque chose pour toi je suis prêt à t'aider, viens on va boire une bière je vais te calmer.' (...) Il m'est arrivé de faire ça et c'était très enrichissant, parce que normalement je le retourne. Normalement, il change d'avis à la fin. Il dit : 'non, c'était pas un vrai singe'."