"Il collectionne les casseroles", tançait ce lundi matin Roselyne Bachelot, sur RMC. Sans filtre, l'ancienne ministre des Sports a résumé à sa façon les raisons d'un tel déchaînement autour de Noël Le Graët, président de la Fédération française de football. Interrogé sur RMC ce dimanche au sujet d'une potentielle nomination de Zinédine Zidane à la tête de la sélection brésilienne, il a choisi de botter en touche, usant d'un vocabulaire acerbe : "Zidane au Brésil ? Je n'en ai rien à secouer, il peut aller où il veut ! Il peut aller dans un grand club en Europe... Une sélection, j'y crois à peine en ce qui le concerne", a-t-il lâché, ajoutant qu'il ne l'aurait "même pas pris au téléphone" si d'aventure, Zidane s'était manifesté pour prendre la succession de Didier Deschamps sur le banc de l'équipe de France.
Pour beaucoup, cette "maladresse", selon les termes utilisés par l'intéressé, est celle de trop. De quoi expliquer ainsi ce tsunami de réactions indignées qui s'abat ce lundi sur Noël Le Graët qui a tout de même présenté des excuses à l'ancien numéro 10 des Bleus.
Prolongation controversée et SMS à caractère sexuel
Cette nouvelle sortie s'inscrit en effet dans une lignée de polémiques impliquant le boss du football français, de plus en plus contesté. Pour trouver trace de la dernière en date, il faut remonter... au week-end dernier et la prolongation de Didier Deschamps à la tête des Bleus jusqu'en 2026. Selon L'Equipe, le patron de la FFF aurait pris cette décision seul, sans prendre la peine d'en avertir son propre comité exécutif. De quoi attiser cette image de dirigeant autoritaire qui ne s'embarrasse guère des avis divergents autour de lui.
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Des méthodes peu démocratiques qui interrogent sur le fonctionnement de la Fédération. Un sujet sur lequel Noël Le Graët sera d'ailleurs entendu ce mardi dans le cadre d'un audit lancé au sein même de l'instance et réclamée en septembre dernier par la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. Cela faisait suite à la parution, dans le magazine So Foot, d'une enquête longue de six pages dans laquelle certaines salariées de la FFF assuraient avoir reçu des SMS à caractère sexuel de la part de Noël Le Graët lui-même. Des allégations fermement démenties par l'accusé dans les colonnes du Parisien mais qui avaient sérieusement contribué à ternir une image déjà écornée.
En pleine tourmente à la suite de ces révélations, Noël Le Graët a ensuite accentué son impopularité après des propos tenus dans l'émission "Complément d'enquête" sur France 2. Interrogé sur l'insalubrité des logements réservés aux ouvriers qui œuvraient sur les chantiers du Mondial 2022, le boss de la FFF avait eu un mal fou à cacher son indifférence. "C’est pas insoluble, ça. C’est un coup de peinture", avait-il asséné.
Confronté à nos images, le président de la FFF, Noël Le Graët n’a pas semblé prendre la mesure du problème.
— Complément d'enquête (@Cdenquete) October 13, 2022
« C’est pas insoluble, ça. C’est un coup de peinture. » dit-il.
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Relation glaciale avec Mbappé
Un an plus tôt, il avait également assuré que le racisme n'existait "pas ou peu" dans le monde du football. Une sortie malencontreuse alors que plusieurs joueurs se plaignent régulièrement de cris racistes émanant de certaines tribunes. Le Français Samuel Umtiti en a notamment été victime voici cinq jours lors d'un match entre Lecce et la Lazio de Rome en Italie. Un sujet qui avait, par ailleurs, semé la discorde en juin dernier entre le président Le Graët et Kylian Mbappé, qui avait dénoncé des insultes à caractère raciste après son tir au but manqué face à la Suisse en huitième de finale de l'Euro 2021.
Dans un entretien au JDD, le patron du football français avait évoqué le manque de soutien, ressenti par Mbappé après cette élimination prématurée des Bleus. "Il trouvait que la Fédération ne l’avait pas défendu après son penalty raté et les critiques sur les réseaux. Il était fâché, il ne voulait plus jouer en équipe de France – ce qu’il ne pensait évidemment pas", avait-il déclaré, omettant de souligner le racisme pointé du doigt par le joueur... qui n'a pas manqué de le lui rappeler sur Twitter : "Oui enfin je lui ai surtout expliqué que c'était par rapport au racisme, et NON au penalty. Mais lui considérait qu'il n'y avait pas eu de racisme..."
Oui enfin je lui ai surtout bien expliqué que c’était par rapport au racisme et NON au penalty.
— Kylian Mbappé (@KMbappe) June 19, 2022
Mais lui considérait qu’il n’y avait pas eu de racisme… https://t.co/wZ1nQfb4l4
De quoi alimenter les relations déjà glaciales entre les deux hommes sur fonds de droit à l'image au sein de la Fédération Française de football. En mars dernier, l'attaquant du PSG refuse de participer à une opération marketing avec les sponsors de l'équipe de France faisant valoir son droit de regard sur les marques auxquelles son image est associée. Le début d'un long bras de fer, finalement remportée par le joueur, qui a débouché sur la révision de la convention droit à l'image édictée par la FFF.
Ce lundi, Kylian Mbappé n'a pas manqué d'égratigner "NLG" sur cette sortie à l'encontre de Zidane. "Zidane, c'est la France, on manque pas de respect à la légende comme ça", a-t-il tweeté. Une déclaration indignée parmi tant d'autres qui témoigne de la crispation palpable que suscite désormais un homme, cramponné à un poste dont il semble indéboulonnable.