Apple et Google dans le viseur. Vous pensiez vous divertir tranquillement en téléchargeant un jeu gratuit sur votre smartphone ou votre tablette ? C'était sans compter sur les options payantes cachées, qui peuvent coûter jusqu'à plusieurs centaines d'euros. Un modèle économique appelé "freemium" qui inquiète Bruxelles : la commission européenne a convoqué, la semaine dernière, Apple et Google qui hébergent les boutiques d'applications Apple Store et Google Play, afin de clarifier la situation et de limiter les abus.
C'est quoi un jeu "freemium" ? Ces jeux vidéo pour smartphones (ou tablettes) sont gratuits au moment du téléchargement. Il est possible de commencer une partie, mais pour avancer plus rapidement, débloquer certains bonus ou certaines options il faut dépenser quelques euros. Chaque achat doit être confirmé via un mot de passe lié à un compte bancaire, mais qui a souvent été entré au préalable. D'après une étude réalisée par le cabinet Statista, 90% des jeux actuellement proposés sur l'App Store d'Apple adoptent ce modèle.
Pourquoi la Commission européenne s'inquiète ? Plusieurs cas de dérapages liés au modèle freemium ont été relevés ces derniers mois. En mars 2013 par exemple, une mère de famille britannique a découvert qu'Apple lui avait débité plus de 2.000 euros en options payantes, en moins d'un quart d'heure, après que son fils de cinq ans a joué à Zombiez vs. Ninja. C'est justement ce genre de situation qui inquiète Bruxelles. "Le bon modèle économique ne consiste pas à induire le consommateur en erreur, ce qui du reste est aussi contraire à l’esprit du droit européen sur la protection des consommateurs. La Commission européenne attend de l’industrie des applications qu’elle apporte des réponses très concrètes aux inquiétudes soulevées par les citoyens et les associations nationales de consommateurs", a prévenu jeudi Viviane Reding, vice-présidente de la Commission chargée de la justice.
Les quatre points soulevés par la Commission. Au cours de cette réunion, les responsables européens ont mis en lumière quatre problèmes que tenteront de résoudre, dans les mois à venir, les acteurs du secteur.
> Informer les utilisateurs des coûts réels de chaque application ou jeu téléchargé.
> Ne pas "encourager directement les enfants à acheter des options" au sein de ces applications ni même "persuader un adulte d'en acheter pour eux".
> Informer plus précisément les utilisateurs sur les modalités de paiement et les achats effectués. Ceux-ci ne devront plus être débités par défaut, sans consentement.
> Indiquer une adresse e-mail pour que les utilisateurs puissent poser des questions ou se plaindre.
En réalité, Google et Apple encadrent déjà l'achat d'options au sein des applications gratuites. Mais lorsqu'un utilisateur entre son mot de passe Apple pour valider un achat, il dispose de quinze minutes au cours desquelles Apple ne lui redemandera pas son mot de passe. Un délai qui passe à 30 minutes chez son concurrent Google. Et durant ce laps de temps, un enfant a tout loisir de repasser commande.
Un modèle difficile à encadrer mais qui rapporte. Si les géants Apple et Google ont été reçus à Bruxelles, pas question pour autant de stopper définitivement le modèle freemium. "L’industrie européenne des applications mobiles possède un énorme potentiel, à la fois pour créer de l’emploi et de la croissance et pour améliorer notre vie de tous les jours grâce à des technologies innovantes", a reconnu Viviane Reding. Mais "pour que le secteur en question puisse exprimer son potentiel, les consommateurs doivent avoir confiance dans les nouveaux produits", a-t-elle ajouté. Car ce sont un million d'emplois qui sont en jeu, de quoi rapporter 63 milliards d'euros dans les cinq prochaines années, dixit la Commission européenne.
Aux États-Unis, Apple a contourné le problème : suite à une plainte déposée par des millions de parents s'estimant lésés par le système d'achats au sein d'applications, la marque américaine a concédé un dédommagement de plus 20 millions d'euros.
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