ALLO RÉSEAU. Le gouvernement cherche à rentrer de l’argent dans les caisses vides de l’État, et ce à tous les étages. Dernière annonce en date : François Hollande a confirmé en fin de semaine dernière que la bande de fréquences de 700 MHz, actuellement utilisée par la télévision, allait être mise en vente auprès des opérateurs téléphoniques. Une aubaine pour Free, qui pourrait étoffer son réseau mobile à moindre coût. Mais qui fait grincer des dents du côté des concurrents du quatrième opérateur.
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À quoi correspond la fréquence 700 MHz ? Cette fréquence, souvent qualifiée de bande “en or” par les opérateurs, est probablement l’une des plus intéressantes parmi celles revendues par l’État ces dernières années. Car les 700 MHz “appartiennent à des fréquences basses (qui) permettent de mieux pénétrer les immeubles et de diffuser le signal à une plus grande distance”, explique le site spécialisé ZDNet. Une fréquence permetant donc d’assurer une meilleure captation du réseau pour les utilisateurs de l’opérateur qui en ferait l’acquisition.
Pourquoi Free en a absolument besoin. Lors de son lancement en janvier 2012, Free Mobile a provoqué un raz de marée dans la téléphonie mobile. Les opérateurs ont accusé le coup, perdu des abonnés puis ont été forcé d’aligner leurs offres avec des forfaits à bas coût. Si le quatrième opérateur comptait 9 millions d’abonnés mobiles au 30 juin 2014, il est aussi celui qui affiche le moins d’antennes 4G sur le territoire : il en comptait 1.478 en service au 1er septembre, soit moins que SFR (1.989) et très loin derrière Bouygues Telecom (6.123) ou Orange (6.627). Et la filiale du groupe Iliad ne fait pas beaucoup mieux sur la 3G, où elle compte entre quatre et six fois moins d’antennes que ses concurrents directs. Or, pour continuer à draguer des abonnés, il faudra convaincre les utilisateurs de la solidité de son réseau mobile. En rachetant la fréquence 700 MHz, Free Mobile gonflerait considérablement ses chiffres et enverrait ainsi un signal fort aux abonnés français.
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Un prix d’acquisition au rabais ? Si on parle de bonne affaire pour l’achat de cette fréquence, c’est parce que l’État en attend “seulement” 2 milliards d’euros de recettes. Lors de la précédente attribution de fréquences (800 MHz et 2.600 MHz), les recettes avaient atteint 3,5 milliards d’euros. Mais l’État a besoin de cet manne financière rapidement et a même déjà inscrit les 2 milliards attendus au projet de loi de finances 2015. Et ça tombe plutôt bien puisque Free possède les liquidités pour s’offrir la fréquence 700 MHz. L’entreprise dirigée par Xavier Niel a enregristré un chiffre d’affaires en hausse de 10 % à 2 milliards d’euros.
La concurrence crie à la tromperie. Du côté des autres opérateurs, c’est la grogne. Orange et SFR, dont les réseaux (notamment la 4G) sont déjà bien déployés, n’ont pas nécessairement besoin de cette nouvelle fréquence. Idem du côté de Bouygues Telecom, en pleine restructuration et qui estime ne pas avoir besoin de plus de fréquences pour satisfaire ses clients. Certains crient même à la tromperie après avoir dépensé une fortune il y a moins de deux ans, alors que le gouvernement avait assuré qu’il n’y aurait plus de fréquences disponibles avant 2020. L’affaire n’est pas encore gagnée pour Free Mobile, qui doit encore remporter officiellement la mise aux enchères de cette fréquence, prévue pour 2015. Mais sans concurrent, comment pourrait-il en être autrement ?