L'INFO - Le quotidien britannique The Guardian affirme lundi que Facebook aurait perdu plusieurs millions d'utilisateurs aux Royaume-Uni et aux États-Unis, deux de ses marchés majeurs. Le journal s'appuie notamment sur une étude du cabinet Socialbakers et une autre de l'institut ComScore. Le premier cabinet conteste l'interprétation tandis que Facebook a pointé du doigt l'acharnement du quotidien à son encontre. Info, intox ou faux débat ?
> Ce que dit le Guardian. Pour le quotidien britannique, qui a épluché les statistiques du cabinet Socialbakers, Facebook a perdu six millions d'utilisateurs en mars aux États-Unis, soit une chute de 4%. Au Royaume-Uni, ce seraient 1,4 million d'utilisateurs en moins qui se seraient connectés le mois dernier, soit une baisse de 4,5%. Sur les six derniers mois, le réseau social aurait perdu neuf millions d'inscrits aux États-Unis et 2 millions au Royaume-Uni. Le temps moyen passé sur le site au milliard d'utilisateurs aurait également considérablement diminué : 115 minutes en février dernier contre 121 minutes en décembre 2012, d'après The Guardian qui cite pour cela une étude de ComScore. Selon le journal anglais, l'explication serait à chercher du côté des nouveaux réseaux sociaux comme Instagram (désormais propriété de Facebook), Pinterest mais également des applications de messagerie instantanée (WhatsApp ou Gtalk par exemple).
> Ce que dit l'étude. Le cabinet à l'origine de l'étude, Socialbakers, n'a pas tardé à réagir via un communiqué publié mardi : "Parfois, les journalistes interprètent mal les statistiques", annonce Jan Rezab, PDG du cabinet. Le patron de Socialbakers explique ensuite que les statistiques de l'étude sont davantage destinées au marketing et à la publicité qu'aux journalistes. Et Jan Rezab de poursuivre en avançant d'autres chiffres mettant notamment en lumière le fait que 50% de la population du Royaume-Uni est inscrite sur Facebook. Au passage, le PDG du cabinet d'étude rappelle qu'il avait déjà dû publier un rectificatif similaire, en janvier dernier. À l'époque, il avait réagi à la parution d'un article alarmiste sur le même sujet publié par… The Guardian. Pour conclure avec cette phrase : "Ce qu'il faut retenir ici c'est qu'il n'y a pas de quoi en faire un article".
> Ce que dit Facebook. "Pas de commentaire", martèle la direction française du réseau social. Avant de rappeler quelques chiffres clés : fin 2012, le réseau comptait 1,06 milliard d'utilisateurs actifs chaque mois, soit 25% de plus par rapport à l'année précédente. L'autre chiffre marquant illustrant l'évolution de Facebook concerne le mobile : fin 2012, 680 millions d'utilisateurs étaient actifs chaque mois, sur mobile autour du globe, soit une hausse de 57% sur un an. Le réseau social a également indiqué que le temps passé sur Facebook a augmenté de 15% depuis septembre 2012, avec en moyenne 1,5 heure de plus passée sur Facebook en janvier 2013.
Par ailleurs, le responsable de la communication européenne de Facebook, Ian McKenzie, a publié un article sur son blog, lundi, rappelant que The Guardian a déjà publié quatre articles similaires depuis 2007.
Alors Facebook, en perte de vitesse ?
>>> L'AVIS DU SPÉCIALISTE : Jean-François Ruiz, auteur du livre "Réussir avec les réseaux sociaux" ne croit pas à une baisse d'intérêt des utilisateurs pour Facebook.
EUROPE1.fr : Les chiffres alarmistes annoncés par The Guardian vous paraissent-ils plausibles ?
"Si on regarde les chiffres Alexa (un site de statistiques sur le Web mondial, NDLR) il y a en effet une baisse de fréquentation de Facebook de l'ordre de - 2,15% pour le mois de mars. Mais on constate également une baisse globale du trafic Internet de -2% en parallèle, y compris pour Google."
Mais il n'y a pas de phénomène de lassitude chez certains utilisateurs ?
Je pense qu'aujourd'hui, ceux qui misent sur la fin de Facebook se mettent le doigt dans l'œil. Se désinscrire du réseau social aujourd'hui, c'est du suicide social. On va forcément se couper d'une relation avec certains de ses proches. On a bien eu une tendance au 'débranché' (plus du tout de contact avec Internet, NDLR), mais ce n'est qu'un effet de mode.
Pas de chute libre pour Facebook alors ?
"On entend régulièrement, depuis deux ans, que Facebook 'fatigue'. Mais pour moi, Facebook est encore là pour un bon moment, parce que c'est devenu un réflex dans la vie des gens. Oui il y a de nouveaux réseaux, oui le réseau va atteindre une taille critique qu'il lui sera difficile de dépasser. Mais ça va être quasiment impossible de les détrôner. Aussi parce que les gens en ont marre de s'inscrire sur de nouveaux réseaux. Et avec son modèle financier, Facebook est loin de rencontrer des problèmes financiers. Ce qui lui donne les moyens de se réinventer régulièrement avec une nouvelle interface, de nouvelles versions de ses applications ou de nouveaux services (Facebook Home ou Graph Search par exemple, NDLR).