"Hello Barbie", le dernier jouet "intelligent" de l'entreprise Mattel, a été présenté mardi à New York devant la presse spécialisée. Ce jouet est capable d'écouter et d'enregistrer les voix humaines pour ensuite répondre de façon intelligente. Sauf que les informations récoltées auprès des enfants (goûts, marques, jouets, etc.) peuvent ensuite être exploitées par la marque pour mieux cibler nos chères têtes blondes par la suite. La presse d'outre-Rhin n'a pas hésité à faire la comparaison avec la Stasi, les services de surveillance du régime nazi, surnommant même la poupée "Barbie Stasi". Explications.
Comment ça marche ? D'apparence, c'est une poupée tout ce qu'il y a de plus classique, blonde, qui tient dans la main d'un enfant. Mais sous sa plastique de rêve se cache de nombreux capteurs. Ainsi, dès qu'elle reconnaît une voix humaine, elle l'enregistre immédiatement et capte tout ce que l'enfant dit. Les informations sont alors envoyées sur un serveur informatique à distance, grâce au WiFi, pour les analyser. Elle peut ensuite répondre avec une voix fluide, pas du tout celle d'un robot comme on pourrait l'imaginer. Un véritable dialogue donc, instantané et parfaitement fluide : "Qu'est-ce que tu préfères à New York ? La nourriture, la mode, le tourisme ? - La nourriture. - Moi aussi, j'adore manger. Quelle nourriture tu préfères ? - La nourriture italienne. - Je n'ai jamais goûté, il faudra que tu m'y emmenés".
>> Dans le journal de 8h, Europe 1 vous faisait découvrir cette fameuse Hello Barbie :
Pourquoi fait-elle polémique ? Ce que la presse allemande a trouvé alarmant, au lendemain de la présentation de "Hello Barbie", ce sont les informations récoltées au sujet des enfants, stockées sur des serveurs informatiques à distance, ce que l'on appelle le Cloud. Car il est difficile de savoir ce qu'elles vont devenir et par qui elles seront potentiellement exploitées par la suite. Christophe Talib, un responsable de l'association Quadrature du Net pour de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet, explique pourquoi "Hello Barbie" inquiète : "La différence avec une poupée qui parle, une poupée qui répond simplement "Maman" ou "Bonjour", c'est que cette poupée est connectée à Internet et les données qui sont enregistrées sont traitées sur des serveurs qui peuvent être n'importe où. Et n'importe qui aurait des accords avec Mattel pourrait avoir accès à ces données".
Une base de données immense, comportant de nombreux détails sur les goûts et les envies des enfants, leurs couleurs préférées, leurs peurs. En résumé, tout ce qu'ils voudront bien confier à leur poupée. Une véritable mine d'or pour les industriels du secteur, que l'on pourrait comparer avec les informations que Facebook détient sur ses abonnés.
Mattel mise gros sur son dernier gadget. La marque américaine n'a pas encore réagi à la polémique, alors que "Hello Barbie" devrait être disponible d'ici la fin de l'année aux États-Unis autour de 65 euros (aucune date française n'a encore été évoquée). Si Barbie continue de vendre la bagatelle de 2,5 poupées par seconde dans le monde, le groupe connaît une baisse sensible de ses ventes depuis 2008, affichant encore une chute de 6% de son chiffre d'affaire fin 2014.
>> LIRE AUSSI - Face aux critiques, Mattel défend bec et ongle sa Barbie
>> LIRE AUSSI - La fin de la vie en rose : Barbie n'a plus la cote