Si les récents attentats perpétrés en France ont soulevé une vague de solidarité jamais vue dans l'Hexagone, ils ont également mis en lumière une face plus sombre du Web. Depuis le 7 janvier et le début des attaques contre Charlie Hebdo, une policière municipale à Montrouge et un magasin casher à Paris, les contenus illégaux signalés aux autorités (sur ce site dédié) ont explosé par rapport à la moyenne observée depuis un an. Pourtant, les sanctions envers ce type de publications ont été aggravées depuis une loi récente.
>> LIRE AUSSI - Faut-il mieux surveiller les réseaux sociaux ?
20.200 signalements en cinq jours. Les chiffres parlent d'eux-même : "du 7 au 12 janvier inclus, nous avons reçu 20.200 signalements" pour dénoncer des contenus illégaux, "dont 17.500 portaient sur des contenus faisant l'apologie du terrorisme ou incitant à la haine", a détaillé Valérie Maldonado, en charge de l'Office central de lutte contre la cybercriminalité au sein de la police judiciaire, interrogée par Le Monde. "Lors d'une journée 'normale', nous recevons en moyenne 400 signalements", précise-t-elle. Sur Europe 1, Catherine Chambon, sous-directrice de ce même organisme, ajoute que cela correspond à "une multiplication par quinze" par rapport à la normale.
> Catherine Chambon, sous-directrice de la lutte contre la cybercriminalité au sein de la police judiciaire, était l'invitée du Grand Direct des Médias de Jean-Marc Morandini mardi 13 janvier :
Internet : peut-on stopper la haine ?par Europe1frUne équipe de surveillance renforcée. Depuis les attentats, la plateforme de signalements de contenus illégaux Pharos a mis en place une équipe renforcée par douze personnes supplémentaires travaillant 24 heures sur 24. Mais le traitement des publications en ligne prend du temps : la police doit analyser les textes, les images et les vidéos avant d'exiger la suppression des contenus en question auprès du service concerné. Pour accélérer la surveillance, un premier tri est donc effectué pour savoir si le contenu doit faire l'objet ou non d'une enquête. "Le plus important était d'être à jour et de lire tous les signalements pour pouvoir repérer ceux qui pouvaient permettre de faire progresser l'enquête, qui ont bien sûr été traités en priorité et transmis aux services antiterroristes", a justifié Valérie Maldonado.
Que risque-t-on en postant un contenu illégal ? Publier un message en ligne faisant par exemple l'apologie de la haine est loin d'être anodin et les sanctions ont récemment évolué dans ce sens. "La communication en ligne est devenue une circonstance aggravante depuis la loi du 13 novembre 2014, notamment sur l'incitation à la violence et l'apologie d'actes terroristes", a détaillé l'avocat Roland Perez, mardi sur Europe 1. "Avant on était sur 5 ans et 75.000 euros d'amende, aujourd'hui c'est désormais 7 ans et 100.000 euros d'amende" que la justice peut appliquer.
>> LIRE AUSSI - #JeSuisCharlie : le 11 janvier, historique aussi sur les réseaux sociaux
Les procédures ont également été accélérées, notamment suite aux récentes affaires d'incitation à la haine. "Là où, avant cette loi du 13 novembre 2014, il fallait parfois attendre un ou deux ans pour assister à un procès pour apologie de la haine, désormais les internautes qui s'exposent à ces sanctions peuvent passer en comparution immédiate", salue l'avocat.